La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable en rapport avec une lésion tissulaire réelle ou potentielle. Cette définition est mal adaptée aux nouveau-nés qui ne possèdent pas l’apprentissage nécessaire pour identifier la douleur, mais les altérations comportementales dues à la douleur peuvent être considérées comme des équivalents d’expression verbale.
Il existe plusieurs types de douleur :
- les douleurs aiguës plus ou moins prolongées liées à un processus organique (infectieux, inflammatoire, tumoral, etc.), c’est-à-dire les douleurs « maladie » ayant un rôle de signal d’alarme pour l’organisme ;
- les douleurs aiguës provoquées par les soins, les plus fréquentes, ainsi que l’attestent plusieurs études épidémiologiques en néonatologie ;
- les douleurs prolongées, secondaires aux précédentes lorsque celles-ci ont été insuffisamment prévenues et/ou traitées, et la douleur post-opératoire.
Chaque type de douleur devrait faire l’objet d’une évaluation rigoureuse avec une échelle adaptée à l’âge de l’enfant et à la pathologie afin de proposer le traitement le plus approprié au patient.
Buts de l’évaluation
- Aider à diagnostiquer et décrire la douleur et les facteurs qui l’influencent
- Déterminer la nécessité d’un traitement et évaluer son efficacité
- Harmoniser les pratiques
- Déterminer l’impact des interventions sur le devenir de l’enfant.
L’évaluation de la douleur doit être faite par des échelles spécifiques, outils validés scientifiquement après un long travail d’élaboration et de validation.
Certains examens paracliniques, toujours complémentaires et non suffisants, peuvent aussi être utilisés.
Les différentes échelles et outils paracliniques
Pour le nouveau-né, seule l’hétéro-évaluation peut être utilisée.
La douleur peut être évaluée par des échelles unidimensionnelles (indicateurs physiologiques ou comportementaux) ou multidimensionnelles (associant les deux). La plupart des scores utilisés en France pour le nouveau-né sont comportementaux.
Quelques échelles utilisées en néonatologie sont multidimensionnelles (PIPP) et incluent des indicateurs physiologiques et comportementaux. L’expression faciale semble être le signe le plus sensible et fournir les informations les plus spécifiques.
Plusieurs facteurs, comme l’âge (gestationnel et postnatal), l’état neuro-comportemental et les expériences douloureuses antérieures peuvent affecter la réponse à la douleur du nouveau-né.
Bien qu’il existe plus de 40 échelles validées en néonatologie, il n’y a pas à ce jour de consensus sur la meilleure échelle à utiliser pour évaluer la douleur. Cependant une synthèse de 2021 sur les qualités des échelles de douleur chez le nouveau-né met en avant les qualités d’EVENDOL (Olsson E, The use and reporting of neonatal pain scales: a systematic review of randomized trials, Pain 2021) ainsi que de EDIN et DAN.
Quatre échelles sont utilisées au quotidien dans les services de néonatologie et de réanimation néonatale :
- l’EDIN (Échelle Douleur et Inconfort du Nouveau-né), qui repère la douleur « de base », plus ou moins prolongée, elle enregistre bien l’atonie psychomotrice. Score de 0 à 15 avec un seuil thérapeutique habituellement reconnu ≥ 5 ; initialement validée pour le nouveau-né en réanimation, son usage est souvent plus large.
- la DAN (Douleur Aiguë du Nouveau-né), spécifiquement développée pour évaluer la douleur aiguë d’un soin.
Score de 0 à 10. Le geste est douloureux si le score est ≥ 3 ; - EVENDOL, validée de 0 à 7 ans , qui enregistre aussi bien la douleur aiguë que prolongée ; validée chez le nouveau-né en préhospitalier et postopératoire, son utilisation au quotidien dans les services de néonatologie et en maternité a été validée par des études en 2021.
- les échelles COMFORT (multidimensionnelle), COMFORT-Behavior ou Comfort-néo (comportementales) pour évaluer la douleur la douleur aiguë et/ou prolongée en réanimation et la profondeur de sédation. Ces échelles ont l’intérêt de mesurer d’une part l’excès de sédation et d’autre part l’excès de douleur chez l’enfant ventilé ou non en réanimation.
D’autres échelles peuvent être utilisées, en particulier deux autres échelles anglo-saxonnes, notamment en recherche clinique :
En pratique
Échelles pouvant être utilisées pour une douleur aiguë provoquée par les soins :
Échelles pouvant être utilisées pour la douleur aiguë, liée à une maladie, postopératoire, et la douleur prolongée :
MAJ mars 2022