Les objectifs de cette étude réalisée à l’hôpital Robert Debré (Paris) étaient d’évaluer la prévalence de la douleur neuropathique durant les CVO chez des enfants drépanocytaires et de spécifier les facteurs de risques et les caractéristiques de la douleur neuropathique pour améliorer sa prise en charge.
Cette étude prospective a inclus 54 patients drépanocytaires (SS, SC, ou Sß°) âgés de 6 à 18 ans et hospitalisés pour une CVO sévère traitée par une perfusion de morphine. Au deuxième et quatrième jour d’hospitalisation la douleur neuropathique a été recherchée chez ces patients à l’aide de l’échelle DN4 pédiatrique[1] (illustrée par des images) qui consiste en 7 questions (« Est-ce que cela picote/fourmille/démange / brûle/fait comme du froid/ fait comme des décharges électriques/ est tout engourdi ? ») et 3 éléments de l’examen clinique (recherche par l’examinateur d’une hypo/hyperalgésie / allodynie). Une réponse positive à plus de 4 items de cette échelle correspond à une douleur neuropathique.
A J2, 20 patients (37%) avaient un score positif à l’échelle DN4. Parmi les 16 patients réévalués le quatrième jour, 9 d’entre eux avaient un score encore positif. Concernant les 34 patients sans douleur neuropathique à J2, 28 ont été réévalués à J4 et 26 n’avaient toujours pas de douleur neuropathique tandis que 2 patients avaient un score positif à l’échelle DN4, témoignant de l’apparition tardive de douleur neuropathique. Parmi les 22 patients (41%) qui ont présenté une douleur neuropathique durant la CVO, les sensations de picotements (89%), de fourmillements (68%), d’engourdissement (53%), d’hyper ou hypoesthésie (44%), de brûlure (42%), de chocs électriques (42%), de froid douloureux, d’allodynie (35%) et de démangeaisons (21%) étaient les symptômes les plus fréquemment rapportés. La comparaison entre les patients présentant une douleur neuropathique et ceux n’en présentant pas durant la CVO n’a pas révélé de différence significative concernant l’âge, le sexe, la sévérité de la maladie (plus de 3 hospitalisations dues à des CVO et/ou un antécédent de syndrome thoracique aigu), le traitement par hydroxyurée, les caractéristiques de la CVO (localisation de la douleur, intensité de la douleur nociceptive) et les doses d’opioïdes délivrées à J2 et J4.
Neuropathic Pain in Children with Sickle Cell Disease: The Hidden Side of the Vaso-Occlusive Crisis. Sigalla J, Duparc Alegria N, Le Roux E, Toumazi A, Thiollier AF, Holvoet L, Benkerrou M, Dugue S, Koehl B. Children (Basel). 2021 Jan 26;8(2):84.
Commentaire Pédiadol
Détecter la douleur neuropathique au cours des crises drépanocytaires ouvre un champ nouveau de traitements complémentaires, en particulier lorsque la douleur résiste à la morphine : traitement local par emplâtre de lidocaïne (Versatis®), gababentine ou amitriptyline. C’est une nouvelle recommandation !
[1] L’échelle DN4 est expliquée sur le site Pédiadol ; sa version pédiatrique imagée est maintenant validée et disponible.
Drépanocytose, in Les 28es Journées Pédiadol, la douleur de l’enfant, la biblio.
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MàJ Décembre 2021