Beaucoup de rumeurs courent actuellement sur le potentiel danger à prendre de l’ibuprofène pour calmer fièvre et douleurs (courbatures) lors de l’infection par Covid-19, qui dans sa forme bénigne comporte un syndrome d’allure grippale. Après un avis négatif de M. Olivier Véran et de la DGS le 14 mars, puis un avis négatif de l’OMS, ce dont témoigne par exemple un éditorialiste dans le British Médical Journal le 17 mars, plusieurs agences du médicament ont réagi de par le monde. Quelques jours après, l’agence européenne du médicament (EMA) a déclaré qu’il n’y a pas à redouter une aggravation de l’état du malade après prise d’ibuprofène, et précisé qu’elle suit cette problématique de près ; l’OMS a modifié son avis, et le même éditorialiste du BMJ relayait les arguments pour la sécurité de son usage le 23 mars. Avec cette polémique, il est difficile de se faire une idée objective.

D’abord remarquons que dans l’ensemble, les experts internationaux s’accordent à dire que le risque d’aggravation de l’infection invoqué en France n’est pas démontré à la lecture des données actuelles publiées. Cependant beaucoup arguent la prudence et le principe de précaution, comme d’ailleurs c’est le cas en France pour toutes les infections potentiellement sévères (voir ICI l’article concernant les AINS), même si cette réserve est insuffisamment étayée, et que l’ensemble des autres pays n’y souscrivent pas.

En pratique si un enfant est suspect d’infection par Covid-19, le paracétamol est conseillé en 1ère intention pour soulager les myalgies ; quant à la fièvre, les recommandations sont de la respecter autant que possible. Le principe de précaution prévaut.

Que faire si l’enfant a besoin d’AINS ponctuellement pour une crise de migraine ? Les recommandations de la Société Française d’étude des Migraines et Céphalées (SFEMC) est de privilégier un triptan si le patient en a l’habitude, sinon la prise occasionnelle d’AINS est possible et raisonnable, en l’absence de signes grippaux ou respiratoires.

Que faire si l’enfant reçoit un AINS au long cours pour traiter une maladie chronique ? Il est conseillé de discuter de la situation avec le médecin prescripteur et de ne rien changer en attendant.