Les AINS ont une efficacité antalgique supérieure au paracétamol, à la codéine et à leur association dans de nombreux contextes de douleur : postopératoire, traumatologie, migraine, inflammation ; de nombreuses études l’ont montré chez l’adulte comme chez l’enfant.
Les AINS sont recommandés par l’HAS en antalgie de l’enfant dans de nombreuses situations, dès que le paracétamol est insuffisant pour soulager : recommandation à retrouver ICI dans la fiche mémo 2016 dédiée aux traitement antalgiques ambulatoires après la suppression de la codéine. La société française d’ORL a de son côté en 2017 précisé les indications des AINS lors des infections ORL courantes, à voir ICI.
Les AINS ont cependant en France une « mauvaise réputation », en particulier en pédiatrie, contrairement à beaucoup d’autres pays où l’ibuprofène est préféré au paracétamol (ce dernier étant redouté à cause de ses complications hépatiques).

Les effets indésirables sont rares, voire exceptionnels si les contre-indications et précautions sont bien respectées, plusieurs études de cohorte enregistrant les effets indésirables après prise d’ibuprofène ou de paracétamol (Lesko SM à Boston (JAMA 1995), 84 000 enfants inclus aux urgences et Ashraf E dans le New Jersey ( 1999), 30 000 enfants inclus), ainsi que trois synthèses récentes (Southey 2009, Pierce 2010, Kanabar 2017), 
l’ont bien démontré.

Précautions d’emploi pour tous les AINS :
  • jamais si varicelle ;
  • prudence si infection pulmonaire sévère, infection ORL sévère (abcès), infection cutanée ou des tissus mous : le lien de cause à effet n’a pas été prouvé entre infection sévère et prise d’AINS (deux événements concomitants ne sont pas forcément en lien de causalité). Il est possible que des germes particulièrement virulents soient en cause et que la prise d’AINS ait été motivée par la gravité des symptômes. Mais un principe de précaution est actuellement souvent retenu en France pour ces situations d’infection bactérienne sévère. Les études se poursuivent et le comité européen de pharmacovigilance (PRAC) est saisi de cette surveillance, suite au rapport du comité de pharmacovigilance de Tours et à une alerte en 2019 de l’ANSM.
  • prudence ou CI si risque hémorragique ou trouble de la coagulation ;
  • prudence si risque de déshydratation (qui peut favoriser une insuffisance rénale) : corriger l’hydratation avant l’administration.

Contre indications officielles figurant dans les RCP pour tous les AINS :

  • insuffisance cardiaque, hépatique, ou rénale sévères
  • ulcère gastrique ou antécédent de saignement gastrique avec AINS
  • hypersensibilité ou intolérance à la molécule (antécédent de réaction allergique, de crise d’asthme déclenchée par la prise…); lupus
  • ne jamais associer deux AINS entre eux

Effets indésirables pour tous les AINS :

  • dyspepsie, douleur épigastrique : parfois ; hémorragie digestive exceptionnelle (4 cas dans la cohorte de Lesko) ;
  • insuffisance rénale aiguë exceptionnelle (le plus souvent fonctionnelle d’origine glomérulaire, réversible, plus rarement immunoallergique)
  • autres effets exceptionnels chez l’enfant

L’ibuprofène est l’AINS de référence en pédiatrie, les autres molécules peuvent être un recours.
Tous les AINS ayant une AMM en pédiatrie sont cités ici.
L’ANSM ne recommande pas d’associer systématiquement des inhibiteurs de la pompe à protons chez l’enfant (RBP Afssaps 2008 – Antisécrétoires chez l’enfant).

Il est toujours recommandé d’utiliser la posologie la plus faible possible pour une durée la plus courte possible et de reconsulter en cas d’apparition de nouveau symptôme.

Ibuprofène


Sirops : entre autres noms :
Advilmed® 7,5 mg/kg/prise
Nurofenpro®, génériques de sirop :10 mg/kg/prise
Pour toutes les présentations :
10 mg/kg/8 h ou 7,5 mg/kg/6 h
Max. 400 mg/prise  (exceptionnellement 600 mg)
Rester à 30 mg/kg/j
Exemples :

pour 10 kg : Advilmed® sirop une dose de 10 kg × 4/j
ou Nurofenpro® sirop une dose de 10  kg × 3/j
pour 20 kg : 200 mg/prise × 3/j
pour 40 kg ou plus : 400 mg/prise × 3/j

Comprimés : entre autre noms :

Nurofenflash®, Advil®, Brufen®, Antarène®, Nureflex®, etc. et génériques :

100 mg, 200 mg, 400 mg ;

cp orodispersibles 200 mg (Nurofentabs®)

Indications officielles de l’AMM
3 mois, pour fièvre ou douleur.
Douleur d’intensité légère à modérée d’origine variée selon les AMM des différentes spécialités commercialisées : migraine, douleur traumatique, inflammation, arthrite juvénile, douleurs dentaires, courbatures, états grippaux, dysménorrhée, etc.

LE PLUS PÉDIADOL
L’ibuprofène est l’antalgique de première intention à introduire si le paracétamol est insuffisant.
En France, des sirops (20mg/ml) à pipettes différentes sont sur le marché, rendant la situation difficile à comprendre par les familles… et les prescripteurs !
Pour une posologie quoitidienne maximale de 30 mg/kg/j, les laboratoires ont choisi de fabriquer :

  • soit un sirop à administrer 4 fois/j, chaque pipette/poids délivrant alors 7,5 mg/kg/prise : la graduation « 1kg » délivre 0,375 ml : ex Advilmed® – en vente libre ;
  • soit un sirop à administrer 3 fois/j, chaque pipette/poids délivrant alors 10 mg/kg/prise : la graduation « 1kg » délivre 0,5 ml : ex Nurofenpro® et d’Antarène sirop®  et les sirops d’Ibuprofène génériques– sur prescription.

Associer au paracétamol permet probablement d’augmenter l’efficacité antalgique (recommandations HAS 2016).

Attention, selon les présentations et les marques, l’AMM est plus ou moins restrictive pour l’âge et le poids.
Ainsi, les consignes figurant sur les boîtes sont encore parfois trop restrictives, et ne correspondent pas aux posologies recommandées (p. ex. « 6 à 11 ans » pour les cp 100 mg, alors qu’un enfant de 11 ans pesant 30 kg devra prendre 300 mg/prise jusqu’à 3 fois/j ; ou « réservé aux plus de 15 ans » sur certaines boîtes d’ibuprofène 400 mg, alors qu’un enfant de 12 ans, pesant 40 kg, doit bien recevoir 10 mg/kg, soit 400 mg).
Il est important de bien spécifier sur l’ordonnance « je dis bien de donner…. » pour éviter les refus de délivrance et d’expliquer la situation aux parents.

Exemples de prescription

  • Maxime, 6 mois, 6 kg, a une otite hyperalgique :
    Advilmed® sirop une dose de 6 kg toutes les 6 heures pendant 24 heures
  • Rebecca, 6 ans, 22 kg, vient d’être plâtrée pour fracture (la douleur après plâtre va persister environ 2 jours):
    Ibuprofène 200 mg, 3 fois/jour pendant 2 à 3 jours, le temps des douleurs (je dis bien 200 mg/
    prise, soit 10 mg/kg/prise)
  • Henri, 13 ans, 40 kg, migraineux :
    Ibuprofène 400 mg : 1 comprimé à prendre très rapidement en début de crise de migraine
    (je dis bien 400 mg soit 10 mg/kg)

Kétoprofène

Sirop Profénid®, Toprec®
Cp Profénid®, Toprec® et génériques 25, 50, 100 mg
0,5-1 mg/kg/8 h
Ex. pour 10 kg : 1-2 doses de 10 kg × 3/j
pour 20 à 25 kg : 1 cp 25 mg × 3/j
Poudre pour solution injectable IV 0,5-1 mg/kg/8 h IVL en 20 min

Indications officielles de l’AMM

  • Sirop : 6 mois, pour fièvre.
  • Cp : 15 ans.
  • IV : 15 ans pour colique néphrétique, douleur postopératoire.
LE PLUS PÉDIADOL
Le Toprec® sirop a une AMM pour la fièvre en France mais peut être utilisé comme antalgique.
Bien spécifier sur l’ordonnance : « je dis bien de donner… » pour éviter les refus de délivrance.
Les cp, malgré une AMM à 15 ans, peuvent tout à fait être utilisés avant, en fonction du poids (cp 25 mg à partir de 20-25 kg).
En l’absence d’un AINS IV ayant une AMM en pédiatrie, le kétoprofène est largement utilisé en France, hors AMM, dès l’âge de 1 an (nombreuses études en particulier en post-opératoire, Recommandations Afssaps 2009).

 

Acide niflumique


Nifluril® gélules 250 mg Environ 4 à 6 mg/kg/prise × 3/j
Nifluril® suppositoires 400 (sécables), 700 mg Absorption intrarectale très mauvaise, utilisation non recommandée

Indications officielles de l’AMM
Douleur ORL ou stomatologique et arthrite juvénile :

  • Gélules : 12 ans.
  • Suppositoires : 6 mois.
LE PLUS PÉDIADOL
Peu d’études d’efficacité.

 

Diclofénac


Voltarène® et génériques : cp 25, 50 mg 1 mg/kg/8 h

Voltarène® et génériques suppositoires 25 mg
1 mg/kg/prise
supprimés en 2015

Indications officielles de l’AMM

  • Cp 25 mg : 6 ans, 50 mg : 35 kg ou 12 ans, pour rhumatismes inflammatoires, dysménorrhée.
LE PLUS PÉDIADOL
Peut être utilisé hors AMM pour d’autres douleurs que les rhumatismes.
L’absorption du diclofénac en intrarectal est meilleure que celle de l’acide niflumique, ce serait donc le seul AINS rectal utilisable. Les suppositoires pouvaient être prescrits p. ex. pour une crise de migraine avec nausées ou vomissements mais la posologie pédiatrique (Suppo 25 mg) n’est plus commercialisée actuellement.

 

Acide tiaprofénique


Surgam® et génériques cp sécables 100, 200 mg 10 mg/kg/j

Indications officielles de l’AMM

  • 15 kg ou 4 ans, pour douleur ORL, stomatologique, post-traumatique, rhumatisme (arthrite juvénile), dysménorrhée.

 

Naproxène


Apranax®, Naprosyne®et génériques : 250, 275, 500, 550 mg 10-20 mg/kg/j

Indications officielles de l’AMM

  • Cp 250 et 275 mg : 25 kg (6-8 ans) pour arthrite juvénile.
  • Cp 500 et 550 mg : à partir de 15 ans pour douleurs rhumatologiques.
LE PLUS PÉDIADOL
Utilisé aussi pour les crises de migraine.

 

Acide méfénamique


Ponstyl® gélules 250 mg 2 gélules × 3/j

Indications officielles de l’AMM

À partir de 12 ans pour douleurs modérées, céphalées, douleurs dentaires, de l’appareil locomoteur, dysménorrhée.

LE PLUS PÉDIADOL
Utilisé surtout pour la dysménorrhée.

 

Acide acétylsalicylique


Aspirine® et génériques
Voie orale : présentations multiples de 100 à 1 000 mg
10-15 mg/kg/6 h
Amp IV 10 mg/kg/6 h

Indications officielles de l’AMM

  • Sachet 100 mg : à partir de 3 mois.
  • Voie IV : adulte.
LE PLUS PÉDIADOL
N’est plus utilisée sauf parfois en rhumatologie.
Attention aux contre-indications.
Jamais dans la semaine préopératoire.
Jamais en cas de trouble de la coagulation.