Définition de l’IASP (2011)
Douleur liée à une lésion ou une maladie affectant le système somato-sensoriel, périphérique ou central.

Les signes qui l’évoquent sont les suivants, dans le contexte d’une lésion nerveuse certaine ou possible :

  • fourmillements
  • douleur à l’effleurement (allodynie)
  • sensation de décharge électrique
  • sensation de brûlure

Signes cliniques
L’aspect paradoxal des signes cliniques contribue à entretenir la « perplexité » du clinicien, d’autant que cette sémiologie est encore souvent méconnue, et que l’examen clinique est difficile.

Troubles continus de la sensibilité
Dysesthésies, paresthésies, hypoesthésie, allodynie (douleur lors d’une stimulation non nociceptive, comme le toucher ou l’effleurement), hyperpathie (douleur explosive et durable après une stimulation nociceptive brève ou non nociceptive)
L’examen peut trouver des zones où cohabitent une anesthésie et une douleur.
Douleur permanente – Brûlure, broiement, torsion, arrachement…
Paroxysmes – Fulgurances, décharges électriques brèves, massives.
Facteurs émotionnels
L’anxiété, la dépression dues à l’absence de diagnostic et de soulagement vont vite renforcer et pérenniser le tableau douloureux. Le risque de « psychiatrisation » abusive est alors majeur.

Causes
Les douleurs « neuropathiques », autrefois appelées neurogènes  ou « de désafférentation » sont liées à une lésion des fibres nerveuses conduisant la nociception ou le tact (système somato-sensoriel), soit au niveau du système nerveux périphérique (petites fibres, nerfs, racines), soit au niveau du système nerveux central (moelle épinière, tronc cérébral et cerveau).

Traumatique : Traumatisme nerveux (tronculaire, radiculaire, plexique) par arrachement, étirement. Section totale ou partielle de nerf après chirurgie. Amputation avec constitution d’un syndrome de membre fantôme.
Compression : tumeur, hernie discale, syringomyélie.
Envahissement tumoral (dans le cancer, coexistence fréquente de douleur nociceptive et de douleur neuropathique).
Toxique : Chimiothérapie (vincristine), antituberculeux.
Infectieuse : Zona, maladie de Lyme, HIV.
Métabolique : Diabète, neuropathies carentielles (vitamine B12).
Atteintes cérébrales fixées : polyhandicap, paralysie cérébrale (IMOC), ou évolutives : maladie neurodégénérative, en particulier cytopathie mitochondriale, leucodystrophie, cancer, méningite carcinomateuse
Atteintes du système nerveux sympathique : Syndrome douloureux régional complexe (algodystrophie).

Les douleurs neuropathiques se développent inégalement pour la même lésion ; elles sont favorisées par un contexte émotionnel (anxiété dépression, soucis familiaux) ; elles ne se développent quasiment jamais à la période néonatale ou chez le nourrisson.

Confirmation du diagnostic par le questionnaire DN4
Pour estimer la probabilité d’une douleur neuropathique, le patient doit répondre à chaque item des 4 questions ci-dessous par « oui » ou « non ». Les 10 items aboutissent à un score/10. 
QUESTION 1 : la douleur présente-t-elle une ou plusieurs des caractéristiques suivantes ?

Oui Non
1. Brûlure
2. Sensation de froid douloureux
3. Décharges électriques

QUESTION 2 : la douleur est-elle associée dans la même région à un ou plusieurs des symptômes suivants ?

Oui Non
4. Fourmillements
5. Picotements
6. Engourdissements
7. Démangeaisons

QUESTION 3 : la douleur est-elle localisée dans un territoire où l’examen met en évidence :

Oui Non
8. Hypoesthésie au tact
9. Hypoesthésie à la piqûre

QUESTION 4 : la douleur est-elle provoquée ou augmentée par :

Oui Non
10. Le frottement

MODE D’EMPLOI
Lorsque le praticien suspecte une douleur neuropathique, le questionnaire DN4 est utile comme outil de diagnostic. 

  • Le praticien interroge lui-même le patient et remplit le questionnaire. Chez l’enfant, il faut souvent expliquer les termes employés.
  • À chaque item, il doit apporter une réponse « oui » ou « non »
  • À la fin du questionnaire, le praticien comptabilise les réponses, 1 pour chaque « oui » et 0 pour chaque « non ».
  • La somme obtenue donne le Score du patient, noté sur 10.

Si le score du patient est égal ou supérieur à 4/10, le diagnostic de douleur neuropathique est très probable, d’après l’étude initiale de validation faite chez l’adulte (sensibilité à 82,9 % ; spécificité à 89,9 %) Bouhassira D et al. Pain 2004 ; 108 (3) : 248-57. 

Une version pédiatrique illustrée d’images a été testée et validée, elle sera bientôt disponible 

Télécharger le questionnaire :