In Douleurs chroniques et récurrentes, La Biblio, 29èmes Journées Pédiadol.
Nous avons peu de connaissance sur la baisse de sociabilité constatée chez les adolescents ayant des douleurs chroniques. L’étude de ses liens sociaux permet une analyse de la perception que l’adolescent a de lui-même mais aussi de ses relations avec ses pairs.
L’objectif de ce travail était d’étudier chez les jeunes souffrant de douleurs musculo squelettiques 4 questions de recherche : la popularité, l’homophilie (attirance amicale pour les personnes similaires à soi-même), les amitiés positives ou négatives, les relations entre la douleur et la détresse émotionnelle.
Les auteurs ont utilisé les données épidémiologiques nationales sur 3 villes (soit 19 écoles) de Suède, incluant les adolescents de 13 et 14 ans en 2014, avec un suivi de 4 ans. 2767 adolescents ont répondu aux questionnaires en classe sous surveillance d’un animateur.
Les douleurs ont été classées en fréquence et en intensité et les adolescents ont aussi été questionnés sur l’impact de leur douleur en famille, dans les loisirs et avec les amis, ainsi que sur la dépression et le stress.
Résultats : Les adolescents douloureux chroniques avec des douleurs musculo-squelettiques ne sont pas moins populaires et se regroupent souvent en un même groupe d’amis.
Les adolescents avec des douleurs plus fréquentes et plus intenses perçoivent l’amitié de manière moins positive (moins de soutien, moins de protection, moins d’attention) et plus négative (plus de dispute, plus de colère, plus de contrariété) que les adolescents avec des douleurs plus faibles.
Les amis des adolescents douloureux trouvaient la relation avec l’adolescent douloureux comme positive mais avec plus de points négatifs qu’avec les autres adolescents (selon les auteurs, les relations avec les adolescents douloureux chroniques sont plus imprévisibles).
Chez les adolescents garçons les amitiés sont vécues comme moins positives même s’ils ne sont pas douloureux chroniques.
Il est très intéressant de voir que la qualité de l’amitié améliore le bien être psychosocial.
De précédentes études ont montré que l’amitié (nombre et qualité) servait de tampon contre la détresse émotionnelle et ce surtout pour les adolescentes.
Cette étude montre que les amitiés protègent l’adolescent des effets négatifs de la douleur sur la détresse émotionnelle. La qualité de l’amitié perçue était liée au bien être psychologique ; les filles bénéficiaient particulièrement d’amitiés de qualité.
Van Alboom M et al. Social integration of adolescents with chronic pain: a social network analysis. Pain. 2022 Nov 1;163(11):2232-2244. doi: 10.1097/j.pain.0000000000002623.
Commentaire Pédiadol
Cette étude souligne l’importance de l’amitié pendant l’adolescence (période de transition et de construction), d’autant plus chez les adolescents douloureux chroniques car l’amitié va atténuer l’impact négatif des douleurs sur la détresse émotionnelle. Il est donc primordial de questionner l’adolescent sur son entourage amical et de l’encourager à renforcer ses liens avec ses amis.
La persistance des liens amicaux retrouvée ici est peut-être le signe que la douleur n’envahissait pas tous les secteurs de la vie dans la population questionnée.