L’évolution de la prescription d’antalgiques opioïdes chez l’enfant en France a été étudiée entre 2012 et 2018. Pour rappel, l’utilisation de la codéine a été limitée en 2013, elle n’est indiquée que pour les enfants de plus de 12 ans. Cette étude populationnelle est issue de la base de données SNIIRAM (Système National d’Information Inter-Régimes de l’Assurance Maladie) regroupant les informations issues des remboursements effectués par l’ensemble des régimes d’assurance maladie pour les soins du secteur libéral. Elle ne concerne pas les prescriptions hospitalières.
Elle a inclus tous les enfants français ayant reçu au moins une prescription d’opioïdes lors d’une prescription extra hospitalière. Les opioïdes injectables n’ont pas été comptabilisés.
Une diminution importante a été observée : 452 665 en 2012 (347,5 enfants pour 10 000) à 169 338 en 2018 (130,3 enfants pour 10 000).
Cette baisse est particulièrement marquée pour la codéine (36 enfants pour 10 000 en 2018 contre 308,5 enfants pour 10 000 en 2012), alors que le nombre de prescriptions de tramadol a augmenté de 171 % en 2018 (94,6 enfants pour 10 000).
D’autres études sur l’impact des restrictions à la codéine a montré une baisse de 84% des prescriptions en France entre 2010 et 2015, de 44% en Allemagne et de 33% au Royaume-Uni. En France il a été observé une baisse de 88,2% des prescriptions de codéine de 2012 à 2018.
Chez les enfants âgés de 3 à 11 ans, le tramadol est le seul antalgique oral de niveau 2 autorisé pour cette tranche d’âge. Néanmoins, son augmentation n’a pas compensé la baisse de la codéine (190 pour 10 000 enfants pour la codéine en janvier-juin 2012 contre 54 pour 10 000 pour le tramadol en janvier-juin 2018)
Les opioïdes forts ne représentaient qu’une faible proportion des prescriptions (2,6 enfants pour 10 000 opioïdes administrés en 2018).
Les prescriptions globales de morphiniques chez les enfants français ont donc considérablement diminué entre 2012 et 2018, probablement en raison des restrictions sur l’utilisation de la codéine. La codéine a été en partie remplacée par le tramadol. La morphine est encore probablement sous-utilisée. Cela suggère que les morphiniques sont utilisés moins souvent pour la gestion de la douleur chez les enfants.
Remarques PEDIADOL : ces données s’arrêtent en 2018, on attend les données de 2022 notamment celles du tramadol sirop enfin ces données ne distinguent les prescriptions antitussives de la codéine
- Choufi et al., « Opioid Analgesic Prescription in French Children: A National Population-Based Study », International Journal of Environmental Research and Public Health 18, no 24 (17 décembre 2021): 13316, https://doi.org/10.3390/ijerph182413316
Commentaire Pédiadol
Les données recueillies s’arrêtent en 2018, on attend les données de 2022 notamment celles du tramadol sirop ; par ailleurs ces données ne distinguent pas les prescriptions antitussives de la codéine des prescriptions dans un but d’antalgie. Toutefois le recul des prescriptions au fil des années est préoccupant, donnant à penser qu’il existe un recul dans l’antalgie de l’enfant en ambulatoire en France ces dernières années. A suivre … !
MàJ mars 2023