De nombreuses études ont montré que l’allaitement maternel est un moyen antalgique non pharmacologique très efficace avant un geste provoquant une douleur légère à modérée. Cette efficacité est égale voire supérieure à l’association succion non nutritive-solution sucrée (7).

L’efficacité antalgique de l’allaitement maternel est multifactorielle : contact maternel rapproché, voire peau-à-peau, enveloppement par les bras maternels, odeur de la mère, endorphines synthétisées par la mère lors de la tétée et qui procurent un bien-être maternel et néonatal, succion qui a en soi un effet apaisant chez le nouveau-né.

L’allaitement à visée antalgique ne se conçoit que chez un enfant qui sait téter et a des tétées efficaces. Il est donc plutôt à privilégier en maternité, ou en néonatologie chez un nouveau-né à terme ou proche du terme qui répond aux critères ci-dessus. Il peut aussi être proposé à un nourrisson plus grand, pour une vaccination ou un prélèvement veineux, associé à d’autres moyens antalgiques comme une crème anesthésiante.

Certains soignants refusent de l’utiliser arguant que le nouveau-né associera par la suite douleur et allaitement.

Cet argument peut être réfuté pour plusieurs raisons :

  • L’allaitement étant antalgique, le nouveau-né n’aura pas mal lors du prélèvement.

Cela n’est valable que si un délai de 2 à 3 minutes est respecté entre le début de la tétée et le prélèvement, que l’enfant est bien installé et tête efficacement. Lorsqu’on lui prend la main, il est détendu. Un léger mouvement de retrait peut être observé lors de la ponction, mais si le délai est respecté et la succion efficace, le score de douleur restera bas. Pour augmenter cette efficacité, l’enfant peut être mis en peau-à-peau contre sa mère.

  • Lors de la ponction, le nouveau-né accélère souvent sa cadence de succion, « auto-gérant » lui-même son antalgie.
  • La fréquence des tétées en maternité est bien supérieure (parfois jusqu’à 10 à 12 tétées/jour) à celle du nombre de gestes douloureux réalisé (1 chez un enfant à terme bien portant).

La seule non-indication est la réalisation d’un dextro. En effet, l’allaitement étant nutritif, la glycémie peut se modifier rapidement après le début de la tétée. Aussi, en cas de surveillance des glycémies capillaires, l’association succion non nutritive-solution sucrée est préférable.

Il est important que le trinôme mère-enfant-soignant soit bien installé pour le prélèvement, que la mère soit d’accord et que le bébé soit disponible.


  1. Carbajal R, Chauvet X, Couderc S, Olivier-Martin M. Randomised trial of analgesic effects of sucrose, glucose, and pacifiers in term neonates. BMJ. 1999;319(7222):1393-7.

MàJ,  15/04/2022

Elizabeth Walter-Nicolet
Pédiatre-Service de néonatologie-maternité
Groupe Hospitalier Paris Saint Joseph