9 janvier 2022, Pédiadol est interpelé par un parent : « Cette semaine de rentrée, les enfants sont testés à la pelle, cas contacts à l’école, en activités extrascolaires, en famille…on assiste donc à des files d’attente de plus d’une heure pour des tests nasopharyngés. Aujourd’hui une petite fille hurlait dans la tente et elle a été contenue fortement pour faire le test de force. Evidemment, tous les autres enfants attendaient derrière…
On demande par ailleurs aux parents d’auto-tester leurs enfants à la maison à J2 et J4. Les tests salivaires ne sont pas toujours possibles selon les lieux et les délais pour les PCR s’allongent. Je rencontre des parents désespérés à une semaine du nouveau protocole. Je suis moi aussi confrontée à cette folie et assiste à la naissance des phobies du soin nourries par une anxiété parentale, scolaire. Est-il possible de se mobiliser, d’accompagner les parents et de dénoncer ce protocole maltraitant ? »
Des mots forts : force, désespoir, phobie, contention, anxiété, maltraitance. Les soins répétés incompréhensibles pour l’enfant (et ici également pour les parents), réalisés de force. Le terreau exact des phobies des soins, une problématique sous-estimée et dénoncée depuis plus de vingt ans par Pediadol.
D’autres témoignages de parents nous arriveront les jours suivants : « Ma fille, 8 ans, a dû faire la semaine dernière le test. Après 1 heure et demie d’attente dans le froid glacial ma fille ne voulait plus se faire tester. La pharmacienne a été très sympa et lui a laissé du temps, et une alternative : laisser passer quelqu’un avant elle, le temps qu’elle se sente prête. Elle avait déjà eu deux auto-tests à la maison. C’est terrible, il y a un nouveau cas dans sa classe cette semaine…rebelotte, 3 nouveaux tests à faire. Quand je pense à tous ces enfants, tous ces soins, toutes ces contentions ».
Ou encore « Je vais devoir faire 4 autotests cette semaine à mes deux filles. Je me demande vraiment ce qu’il est juste et pertinent de faire malgré la contrainte sociale ».
« Comme mon fils ne me laissait plus l’approcher avec un test, je lui ai donné pour faire son autotest. Il l’a fait de manière très superficielle, négatif … dois-je le refaire ? Il ne se laisse pas toucher» !
Des centaines de témoignages de ce type s’accumulent, l’association Sparadrap en reçoit également.
Dans la même semaine, des soignants, des pharmaciens témoignent à leur tour se sentir maltraitants pour la réalisation de ces prélèvements. Ainsi le cri du cœur d’une préparatrice en pharmacie de Toulouse : « Je suis celle qui fait pleurer les enfants ». Elle dénonce la politique de tests à grande échelle. « Les patients sont perdus et nous aussi », « On ne peut pas tester une école entière à 19h parce qu’il y a un cas positif dans toutes les classes ».
Les questions sont posées, de santé et d’éthique. Jusqu’où est-il possible, raisonnable, nécessaire d’aller avec ces tests chez des enfants ? En termes d’impact positif sur la santé de l’enfant, sur la fermeture (ou non) des classes, en termes d’impact sur la santé publique, et en terme d’impact négatif sur le ressenti des enfants.
Les parents, que ce soit pour la réalisation des autotests ou l’aide à la contention lors des tests réalisés par autrui, se trouvent doublement pénalisés dans cette situation ; ils se sentent quasi bourreaux en réalisant le test ou en étant actifs dans la contention. Force ou violence ? Un sujet déjà débattu dans nos journées Pédiadol, plus que jamais d’actualité.
Quels choix s’offrent aux parents ? Certains, démunis, en arrivent à signer de faux certificats sur l’honneur, devant leur incapacité totale à réaliser le test tant leur enfant se débat.
D’autres enfants manifestent des troubles dans les jours ou semaines qui suivent, tels que troubles du sommeil, rituels importants, besoin de réassurance, vérifications, refus d’aller à la pharmacie ou chez le pédiatre même pour une visite simple, évitement de toute tente « barnum », plaintes de douleurs, rendant des soins psychiques nécessaires. A cela se mêle d’autres angoisses, bien décrites dans la vidéo « J’en ai marre de la covid« .
S’il est vrai que les décisions sont difficiles à prendre, s’il est vrai que cette épidémie nous prend de court, évolue avec le virus qui mute… si tout ceci est effectivement vrai, comment choisir des réponses intégrant toute cette complexité ? Est-il possible d’imaginer une autre organisation que l’actuelle ?
La douleur des gestes imposés aux enfants et ses implications psychiques n’ont pas été prises en compte dans les décisions. Les données infectiologiques et épidémiologiques doivent être accompagnées d’une réflexion éthique et psychologique.
Un aspect majeur a été oublié : les risques bien réels de phobie des soins avec ses conséquences à moyen et long terme, des enfants inexaminables, tenus de force.
Pédiadol s’est manifesté auprès du Défenseur des droits des enfants. Nous demandons que ces risques soient pris en compte dans la politique de santé, dans la balance bénéfice risque.
L’équipe Pédiadol
Tribune cosignée par l’équipe Sparadrap