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1/ Quelles sont les contre-indications à l’utilisation d’une solution sucrée ?
2/ Y a-t-il des effets secondaires ?
3/ Peut-on utiliser des solutions sucrées chez les prématurés ?
4/ Peut-on utiliser les solutions sucrées chez les nouveau-nés intubés/ventilés ou en ventilation non invasive (VNI) ?
5/ Le miel peut-il être utilisé chez le nouveau-né ?
6/ Le Canadou® peut-il être utilisé chez le nouveau-né ?
7/ Les solutions sucrées plus concentrées sont-elles plus efficaces que celles à 24 et 30 % ?
8/ Jusqu’à quel âge sont-elles efficaces ?
9/ Comment sont conditionnées les solutions sucrées ?
10/ Stockage, conservation
11/ Faut-il associer la succion et les solutions sucrées ?
12/ Y a-t-il un délai d’action à respecter pour les solutions sucrées ?
13/ Solutions sucrées, succion non nutritive, comment « ça marche » ?
14/ La maman du nouveau-né allaite mais ne peut pas le mettre au sein. Peut-on remplacer la solution sucrée par du lait de mère tiré ?
15/ La solution sucrée peut elle être remplacée par une mise au sein ?
16/ Faut-il associer solutions sucrées et crème anesthésiante ?
17/ Les solutions sucrées doivent-elles être considérées comme un médicament ?
18/ Les solutions sucrées sont-elles efficaces pour tous les gestes douloureux ?


1/ Quelles sont les contre-indications à l’utilisation d’une solution sucrée ?

 

  • Atrésie
    de l’œsophage non opérée
  • Fistule
    œso-trachéale non opérée
  • Troubles majeurs de la déglutition

 

Contre-indications absolues
Dans ces situations, le risque de fausse route est majeur et peut déstabiliser un enfant en situation déjà précaire.

 

  • Entérocolite ulcéro-nécrosante : contre-indication relative en fonction du stade de gravité, à discuter au cas par cas. 
  • Intolérance
    connue au fructose : contre indique le saccharose mais le glucose
    30 % est sans danger.

 



2/ Y a-t-il des effets secondaires ?

 

  • Désaturations brèves et réversibles le plus souvent spontanément, plus fréquentes chez le prématuré, surtout si l’administration est trop rapide.
  • Les solutions sucrées ne modifient pas les glycémies.
    Aucune publication n’a étayé cette crainte. Le délai entre l’administration orale et la réalisation du prélèvement sanguin est très court. Les doses utilisées (0,1 à 0,15 g/kg) représentent 1/100e à 1/50e des apports journaliers en glucose d’un nouveau-né. Elles peuvent être utilisées avant la réalisation d’un dextro et chez les nouveau-nés sous insuline. Là encore, les posologies doivent être respectées.
  • Risque de caries dentaires NON Aucune étude ne le montre.
  • Risque d’obésité NON
  • Appétence ultérieure au sucre NON Aucune étude n’a étayé cette hypothèse. Les nouveau-nés ont une préférence innée pour la saveur sucrée qui s’estompe en partie dans la petite enfance. Si la manière d’alimenter un enfant est susceptible de lui inculquer certaines habitudes gustatives, les préférences alimentaires semblent davantage régies par les variations génétiques des récepteurs du goût. Tounian P. Réalités Pédiatriques 2012

 



3/ Peut-on utiliser des solutions sucrées chez les prématurés ?

OUI
Les moins de 28 SA, et à un moindre degré les moins de 32 SA, n’ont pas de coordination succion-déglutition et sont à risque majeur de fausses routes.
Cela souligne la nécessité d’administrer lentement les solutions sucrées et de respecter les posologies.


4/ Peut-on utiliser les solutions sucrées chez les nouveau-nés intubés/ventilés ou en ventilation non invasive (VNI) ?

 

  • Les nouveau-nés intubés/ventilés sont souvent sédatés. L’état de vigilance et de conscience est donc variable selon la profondeur de la sédation.
  • Les nouveau-nés en VNI ont une détresse respiratoire qu’il convient de ne pas majorer par une fausse route, mais aussi de ne pas déstabiliser par un geste trop douloureux entraînant une agitation…

 

 

Chez ces enfants, les solutions sucrées peuvent être utilisées, avec prudence, lentement et goutte par goutte, après autorisation médicale. La succion efficace d’une tétine chez ces enfants est un bon indicateur de la qualité de la succion-déglutition.


5/ Le miel peut-il être utilisé chez le nouveau-né ?

Aucune publication ne préconise son utilisation.
La concentration en sucre du miel est aléatoire.
De plus, des cas de botulismes néonataux ont été décrits après l’utilisation de miel contre-indiquant leur utilisation (recommandation de l’ANSES [Agence nationale de sécurité sanitaire] du 14 mai 2010 : La consommation de miel est déconseillée pour les nourrissons de moins d’un an).


6/ Le Canadou® peut-il être utilisé chez le nouveau-né ?

Le Canadou® est un sirop de sucre concentré à 70 %. L’efficacité et les éventuels effets secondaires de cette concentration importante n’ont pas été étudiés. L’utilisation du Canadou® n’est pas préconisée par les recommandations actuelles.


7/ Les solutions sucrées plus concentrées sont-elles plus efficaces que celles à 24 et 30 % ?

Quelques études montrent que chez les nouveau-nés à terme et les nourrissons plus grands, des solutions plus concentrées de sucre (glucose 50 %) sont plus efficaces que celles à 24 et 30 %. Harrison D et al. 2010
Mais les recommandations sont établies pour les solutions entre 24 et 30 %.


8/ Jusqu’à quel âge sont-elles efficaces ?

Plusieurs études montrent que les solutions sucrées sont efficaces de façon certaine jusqu’à l’âge de 4 mois.
D’autres ont montré une efficacité modérée jusqu’à 18 mois, notamment pour la douleur des vaccinations, avec une durée du cri moins longue.
Les solutions sucrées peuvent donc être utilisées chez les nourrissons pour une douleur d’intensité brève, tout en sachant que l’efficacité sera aléatoire après 4 mois. Harrison D et al. 2010 ; Shah V et al. 2009 ; Taddio A et al. 2010 ; Harrison D et al. 2011


9/ Comment sont conditionnées les solutions sucrées ?

À l’hôpital :

  • Ampoules de glucose 30 % prêtes à l’emploi
  • Solutions sucrées 24 % fabriquées par l’industrie pharmaceutique :
    • Algopedol® (Crinex) : solution de saccharose 24 % — dosette individuelle graduée de 2 mL, graduée de 0,5 en 0,5 mL, permettant l’administration goutte à goutte
    • Sweet-Ease® (PDG system) pot de 10 mL à usage multiple

     

  • Solutions de saccharose 24 à 30 % fabriquées par la pharmacie ou la biberonnerie

En pharmacie de ville : Pacidol® (Biocodex) : tétine percée à réservoir et 10 pipettes de 2 mL de saccharose 24 %



10/ Stockage, conservation

 

  • Les ampoules de G30 % et les solutions prêtes à l’emploi de l’industrie sont stockées à température ambiante.
    Après ouverture, une ampoule de G30 % ou le pot Sweat-Ease® se conservent 24 heures. La dosette d’Algopedol® est à usage unique.
  • Les préparations hospitalières de saccharose se conservent 24 heures au réfrigérateur.

 

 



11/ Faut-il associer la succion et les solutions sucrées ?

OUI
L’administration d’une solution sucrée doit se faire en association avec la succion non nutritive (tétine). En effet, l’action synergique de solutions sucrées et de la succion non nutritive (SNN) a été clairement montrée et justifie leur association en pratique. Carbajal et al. 1999
La SNN a une efficacité antalgique propre. En cas de contre-indication à l’usage des solutions sucrées, la SNN peut être utilisée seule, en respectant un délai d’action de 2 minutes.

12/ Y a-t-il un délai d’action à respecter pour les solutions sucrées ?

OUI !
Le délai d’efficacité des solutions sucrées et de la SNN est de 2 minutes, et il est important de respecter ce délai avant de réaliser le geste.

13/ Solutions sucrées, succion non nutritive, comment « ça marche » ?


Les mécanismes d’action de ces deux moyens sont mal connus mais font probablement intervenir les systèmes opioïdergiques endogènes.
Il a été montré que les réponses au saccharose par voie orale ne sont spécifiques ni de cette substance ni de la classe des hydrates de carbone. Les effets du saccharose relèvent plus du goût sucré car d’autres solutions sucrées sont également efficaces. Barr RG et al. 1999
L’effet antalgique des solutions sucrées ne semble pas affecté par la gravité de la pathologie, l’âge postnatal du nouveau-né ou le nombre de gestes douloureux réalisés.

14/ La maman du nouveau-né allaite mais ne peut pas le mettre au sein. Peut-on remplacer la solution sucrée par du lait de mère tiré ?

NON
L’efficacité antalgique du lait de mère tiré est aléatoire d’après les études, et moins efficace qu’une solution sucrée.

15/ La solution sucrée peut elle être remplacée par une mise au sein ?

OUI
Si la réalisation du geste peut être faite au sein et si la mère est d’accord, l’allaitement au sein est au moins aussi efficace que l’association solution sucrée — SNN, en respectant aussi un délai de 2 minutes.

16/ Faut-il associer solutions sucrées et crème anesthésiante ?

L’efficacité des crèmes anesthésiantes chez le nouveau-né est aléatoire et moindre que chez l’enfant plus grand.
Dans une étude récente comparant une crème anesthésiante à un placebo pour une ponction veineuse chez des prématurés, les scores de douleur étaient légèrement plus bas dans le groupe traité que dans le groupe contrôle avec des scores toutefois élevés dans les 2 groupes (DAN : 7,7 versus 6,4 respectivement). Biran et al. 2010
Pour les ponctions veineuses, une association solutions sucrées — SNN peut suffire.
Pour des gestes plus invasifs : ponctions artérielles, lombaires, et injections intramusculaires ou sous-cutanées, l’association d’une crème anesthésiante à solution sucrée — SNN peut se justifier. La douleur de l’injection ne sera pas atténuée par la crème anesthésiante.

 


17/ Les solutions sucrées doivent-elles être considérées comme un médicament ?

OUI et NON…
La notion de médicament est précisément définie en France par l’article L5111-1 du code de la santé publique :
« On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique. Sont notamment considérés comme des médicaments les produits diététiques qui renferment dans leur composition des substances chimiques ou biologiques ne constituant pas elles-mêmes des aliments, mais dont la présence confère à ces produits, soit des propriétés spéciales recherchées en thérapeutique diététique, soit des propriétés de repas d’épreuve. Les produits utilisés pour la désinfection des locaux et pour la prothèse dentaire ne sont pas considérés comme des médicaments. Lorsque, eu égard à l’ensemble de ses caractéristiques, un produit est susceptible de répondre à la fois à la définition du médicament prévue au premier alinéa et à celle d’autres catégories de produits régies par le droit communautaire ou national, il est, en cas de doute, considéré comme un médicament. »
Si l’on s’en tient à la stricte définition du médicament, les solutions sucrées peuvent être considérées comme tel. Cependant, leur mécanisme d’action est uniquement sensoriel et n’interfère pas avec le métabolisme de l’organisme.
Les règles de bonnes pratiques voudraient que les solutions sucrées soient utilisées dans le cadre d’un protocole de service ou prescrites, et leur utilisation (ainsi qu’efficacité et effets secondaires éventuels) tracée dans le dossier de soins de l’enfant.

 


18/ Les solutions sucrées sont-elles efficaces pour tous les gestes douloureux ?

NON
Les solutions sucrées et la succion non nutritive sont efficaces pour une douleur provoquée légère à modérée.
Pour un geste plus douloureux, elles sont insuffisantes et doivent s’accompagner d’une analgésie plus puissante.