La réalité virtuelle en préopératoire permet-elle de diminuer l’anxiété ?
L’anxiété préopératoire touche 50 à 70 % des enfants le jour de leur intervention (avec un maximum lors de l’induction de l’anesthésie). Cette anxiété préopératoire majore le risque de delirium au réveil, de douleur et d’un mauvais rétablissement. Les enfants anxieux qui subissent une opération, ainsi que leurs parents, sont également exposés au risque de syndrome de stress post-traumatique.
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Une équipe néerlandaise a réalisé une étude monocentrique de mars 2017 à octobre 2018. Dans cet essai randomisé en simple aveugle, 191 enfants âgés de 4 à 12 ans, subissant une intervention chirurgicale maxillo-faciale, dentaire ou ORL non urgente sous anesthésie générale, ont été inclus.
L’induction de l’anesthésie avait lieu dans la salle d’opération en présence d’un parent ou d’un tuteur. Les enfants étaient allongés ou assis sur la table d’opération ou sur les genoux du parent.
Un groupe d’enfants étaient exposés le jour de leur intervention à une version virtuelle réaliste de la salle d’opération, de la salle de réveil et du personnel présent pendant 15 minutes (les parents visualisaient sur un écran ce que voyait leur enfant). Deux scénarii ont été développés (pour les enfants âgés de 4 à 7 ans et de 8 à 12 ans). Le deuxième groupe avait une prise en charge classique.
L’anxiété était mesurée par l’échelle d’anxiété préopératoire de Yale modifiée (mYPAS : Yale Preoperative Anxiety Scale), par une auto-évaluation par EVA ; l’anxiété des parents par auto-évaluation (State-Trait Anxiety Inventory : STAI) ; la douleur était mesurée par l’échelle de visages FPS, par un score FLACC fait par l’infirmière et par le score PPPM fait par un parent. Les parents avaient rempli « la Child Behaviour Checklist » (CBCL) pour évaluer les problèmes émotionnels et comportementaux préopératoires au cours des 6 mois précédents.
Le seul prédicteur significatif de l’anxiété de l’enfant pendant l’induction de l’anesthésie était l’anxiété parentale préopératoire.
Aucune différence dans les niveaux de douleur n’a été constatée entre les 2 groupes. Aucune différence n’a été constatée dans les symptômes de delirium. Aucun prédicteur significatif de la douleur postopératoire n’a été trouvé. Dans l’ensemble, il n’y a pas eu de différence dans le besoin d’analgésie de recours ; cependant moins d’enfants du groupe « réalité virtuelle » ayant subi une adénoïdectomie et une amygdalectomie ont eu besoin d’une analgésie de secours (P = 0,002).
L’absence d’effet peut être en lien avec le niveau faible de l’anxiété préopératoire et le niveau faible de douleur des chirurgies étudiées.
Virtual reality exposure before elective day care surgery to reduce anxiety and pain in children: A randomised controlled trial. Eijlers R, and al. Eur J Anaesthesiol. 2019 Oct;36(10):728-737.
Commentaire Pédiadol
Cette méthode d’information par la réalité virtuelle est une piste intéressante, mais ces premiers résultats ne sont pas encourageants ! L’information reste essentielle.