N. Garrec, D. Braud, F. Cottard, C. Belharizi, B. Grimon-Constant, R. Patte
Le Meopa (mélange équimoléculaire 50/50 d’oxygène et de protoxyde d’azote) a été utilisé pour la première fois en Hospitalisation A Domicile en 1996 chez des patients adultes sidéens présentant des ulcérations cutanées douloureuses de syndromes de Kaposi et chez certains malades âgés porteurs d’ulcères cutanés ou d’escarres rendus trop somnolents par un traitement antérieur (Dr Patte).
Son utilisation en pédiatrie, à domicile, a ensuite été effective de façon sporadique dans les douleurs majeures insuffisamment calmées par les morphiniques pour des enfants en fin de vie.
Depuis 2001, les indications en HAD pédiatrique se sont élargies aux situations suivantes :
- Actes invasifs répétés insuffisamment calmés par d’autres moyens antalgiques faibles (Emla, antalgiques palier 1). Exemples : injections intramusculaires de chimiothérapie, réfection de pansement sur peau lésée.
- Soins considérés habituellement, par la communauté médicale, comme peu douloureux mais source d’angoisse ou d’anxiété marquées pour cet enfant. Exemples : pansements de cathéter veineux central, prélèvements sanguins veineux périphériques itératifs.
- Soins répétés depuis plusieurs mois dont la longévité est source de difficultés marquées d’acceptation.
En un an 110 actes infirmiers ont été effectués sous protoxyde d’azote chez 10 enfants âgés de 34 mois à 15 ans. Le nombre d’ inhalation par enfant a varié de 2 à 30.
Tous ces enfants étaient suivis pour des pathologies malignes (leucémies aiguës, lymphomes et tumeurs solides) sauf un pris en charge au décours d’une greffe rénale (syndrome d’Alport).
Dans tous les cas, la méthode a été jugée comme apportant un bénéfice à l’enfant de façon objective (échelles d’auto-évaluation de la douleur utilisées : EVA, échelle des visages) ou subjective (appréciation verbale par l’enfant, ses parents ou la puéricultrice).
Aucun effet indésirable n’a été observé. Une seule adolescente, après sa 2e inhalation de protoxyde d’azote (durée 15 minutes) était fatiguée et n’a pas souhaité réitérer, estimant le bénéfice apporté, compte tenu de la sédation engendrée, insuffisant.
Tous les enfants avait déjà bénéficié de cette technique d’analgésie à l’hôpital pour permettre d’en apprécier la tolérance.
Les puéricultrices ont été formées soit en hospitalisation traditionnelle au cours d’une précédente activité professionnelle soit par le médecin pédiatre de l’HAD et les premières inhalations à domicile ont été faites en présence de celui-ci, selon les recommandations de la littérature.
Les indications d’utilisation à domicile pour un enfant donné sont discutées lors d’un staff hebdomadaire en présence de la puéricultrice qui connaît les réactions de l’enfant et de sa famille ainsi que les conditions de logement, le cadre de santé, la psychologue clinicienne, l’assistante sociale et le pédiatre.
La bouteille de protoxyde d’azote est livrée par la pharmacie de l’HAD (après vérification des conditions d’utilisation et accord du pharmacien) et stockée au domicile en position verticale.
Les puéricultrices, afin qu’aucune utilisation ne puisse être effective en dehors de leur présence, transportent à chaque visite le manodétendeur.
L’inhalation se fait à l’aide d’un masque à haute concentration qui tient seul en place par un élastique sur le nez et la bouche de l’enfant.
Le maniement du MEOPA à domicile a été jugé aisé par les puéricultrices.
Son délai et sa durée d’action courts, sa facilité d’utilisation par du personnel formé à la technique en font un antalgique de choix pour son utilisation à domicile.