The postoperative analgesic effect of tramadol when used as subcutaneous local anesthetic
Altunkaya H, Ozer Y, Kargi E, Ozkocak I, Hosnuter M, Demirel CB, Babuccu O.
Anesth Analg 2004; 99: 1461-1464
Synthèse de P. Cimerman (février 2005)
Récemment, il a été démontré que le tramadol était un anesthésique local efficace dans la chirurgie mineure. Le but de cette étude est d’évaluer son efficacité en postopératoire et de comptabiliser le nombre d’antalgiques consommés. Quarante patients devant subir une chirurgie mineure (excision de lipome et reprise de cicatrice) sous anesthésie locale ont été inclus. Les lésions étaient situées sur les extrémités et le corps et ne devaient pas excéder 4 cm. Les patients ont été randomisés dans deux groupes : groupe tramadol (n = 20, 11 hommes et 9 femmes, âge moyen de 32,7 ans), recevant 2 mg/kg de tramadol en sous-cutané, et groupe lidocaïne (n = 20, 12 hommes et 8 femmes, âge moyen de 39,5 ans), recevant 1 mg/kg de lidocaïne injectés en sous-cutané. Dans les deux groupes, le volume d’injection était de 5 mL, contenant 1/200 000 d’adrénaline. Le même diamètre d’aiguille a été utilisé pour les 2 groupes ( 25-gauge). Le chirurgien était « en aveugle » par rapport au traitement injecté et a évalué les réactions cutanées locales sur une échelle de 0 à 3 ( 0 = aucune réaction, 1 = rougeur modérée, 2 = érythème, 3 = urticaire). L’incision a été réalisée 2 min après l’injection pour tous les patients. La durée moyenne de l’intervention était de 32 min pour les 2 groupes. Aucune autre sédation pendant l’intervention n’a été ajoutée.
La présence ou non d’un érythème, la sensation de brûlure, et la douleur au point d’injection ont été mesurés. La « réponse d’incision », définie par la sensation de douleur pendant l’incision, a été enregistrée et évaluée avec l’échelle visuelle analogique (EVA) 0-10. Après incision, les scores ont été notés toutes les 15 min. Lorsque les scores de douleur sur EVA pendant la chirurgie ont excédé 4, 0.5 mg/kg de tramadol ou lidocaïne ont été injectés en supplément selon le groupe de randomisation et ce dosage a été ajouté à la dose totale.
La plupart des patients sont rentrés au domicile le jour même. Il était conseillé aux patients avec EVA supérieure ou égale à 4 de prendre du paracétamol.
Ils ont été appelés au téléphone le lendemain afin de noter le moment de la première utilisation d’antalgiques et la dose totale consommée.
Résultats
Aucun effet secondaire n’a été enregistré dans l’un ou l’autre groupe sauf pour un patient du groupe tramadol (nausées) à 30 min en peropératoire.
Pas de différence significative entre les 2 groupes lors de l’injection (groupe T = 1,15 groupe L = 1,25 ), pas de différence significative sur les réactions cutanées locales, pas de différence non plus sur les doses additionnées. (5 patients du groupe Tramadol ont nécessité une dose supplémentaire ; dose moyenne = 150 mg et 2 patients du groupe lidocaïne ; dose moyenne = 80 mg).
Pas de différence significative sur les scores EVA à 15 et 30 min (groupe T = 1, groupe L = 1,25).
Pendant les 24 heures postopératoires, 18 des 20 patients du groupe tramadol (soit 90 %) n’ont eu besoin d’aucun type d’analgésie, 10 patients sur 20 dans le groupe lidocaïne (soit 50 %) en ont eu besoin (p < 0.05). La période avant de prendre le premier antalgique a été plus longue dans le groupe tramadol (4.9 ± 0.3 heures) par rapport à celle du groupe lidocaïne (4.4 ± 0.7 heures) [p < 0.05].
La consommation totale de paracétamol en postopératoire a été significativement plus basse dans le groupe tramadol (100 mg versus 500 mg pour le groupe lidocaïne) [p = 0,005].
Conclusion
D’après les résultats de cette étude, les auteurs suggèrent que le tramadol soit utilisé en sous-cutané comme drogue alternative à la lidocaïne pour les chirurgies mineures du fait de sa bonne tolérance, de son efficacité analgésique et de l’épargne en consommation d’antalgiques en postopératoire.