Douleur chronique

Jusqu’à 25 % des enfants et adolescents, voire plus, souffrent de douleur chronique, soit liée à une pathologie chronique, soit liée aux suites d’une intervention chirurgicale, soit sans cause connue ; on parle alors de somatisation ou syndrome d’amplification, de douleur nociplastique (liée à une sensibilisation des systèmes de la douleur), ou de douleur médicalement inexpliquée (suivant parfois un point de départ organique transitoire). Les facteurs psycho-sociaux, causes et conséquences, sont très impliqués dans ses mécanismes. L’impact du défaut d’activité physique et de l’usage des écrans est également étudié actuellement.

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Les lombalgies sont actuellement un problème croissant de santé publique, y compris chez les adolescents et les jeunes adultes. Une équipe brésilienne a mesuré la prévalence des lombalgies et de ses facteurs de risque dans les lycées de la ville de Bauru. 1628 élèves, âgés de 14 à 18 ans et scolarisés ont été inclus entre mars et juin 2017. Différents questionnaires validés étaient utilisés pour mesurer la présence de lombalgie chronique, l’utilisation des appareils électroniques, la pratique habituelle d’activité physique et les problèmes de santé mentale (questionnaire SDQ sur les forces et les difficultés). La prévalence globale de la lombalgie était de 46,7 % (IC à 95 % : 44,27–49,11) avec 42,0 % pour les adolescents (IC à 95 % : 36,63–43,41) et 58 % pour les adolescentes (IC à 95 % : 49,73–56,51). Concernant les écrans, les variables associées à la lombalgie en analyse multivariée étaient l’utilisation quotidienne d’écrans (télévision pendant plus de 3 h, utilisation d’un ordinateur portable, du téléphone portable en position couchée ou semi-assise, du téléphone portable pendant plus de 3 h/jour, de la tablette, en particulier pendant plus de 3 h/jour) avec des prévalence ratio entre 1,17 et 1,67. Concernant les troubles psychologiques (définis par un score anormal au questionnaire SDQ), le ratio de prévalence était à 2,62. Les auteurs insistent sur le rôle d’une posture inadéquate prolongée, générant une surcharge musculo-squelettique, une réduction du flux sanguin et des spasmes musculaires, activant les récepteurs de la douleur. L’association à des facteurs psycho-sociaux et émotionnels est bien mise en évidence dans cette étude.

Plusieurs synthèses récentes sont disponibles sur la problématique des lombalgies chez les jeunes[1].

Low back pain in adolescents and association with sociodemographic factors, electronic devices, physical activity and mental health. Bento TPF, and al. J Pediatr (Rio J). 2020 Nov-Dec;96(6):717-724.

Commentaire Pédiadol 

La lombalgie est un problème de santé publique. Développer des stratégies de prévention est primordial. L’impact de l’utilisation des appareils électroniques sur la santé des adolescents est d’actualité ! Réfléchir à des stratégies pour améliorer leur emploi quotidien (temps, installation) est une piste intéressante, mais le rôle des tensions psychiques et émotionnelles dans des contextes de vie variés est à creuser. Un nouveau site donnant des recommandations aux familles et aux soignants va ouvrir prochainement.

 

 

[1] Musculoskeletal Low Back Pain in School-aged Children: A Review. MacDonald J, Stuart E, Rodenberg R. JAMA Pediatr. 2017 Mar 1;171(3):280-287.