Mémoire de Johanna BONIAKOWSKI pour l’obtention du diplôme d’État de sage-femme (mai 2005)

L’objectif de cette étude d’observation prospective, comparative non randomisée a été d’évaluer les pratiques de prise en charge non pharmacologique de la douleur induite par les prélèvements sanguins chez le nouveau-né dans quatre maternités françaises (CHU province et paris, CHG région parisienne). Le but principal était de déterminer le niveau de la douleur évalué à l’aide de l’échelle comportementale DAN (échelle validée pour cet examen : score de 0 à 10). Deux cent cinquante-neuf nouveau-nés à terme ont été inclus entre les mois de juillet et novembre 2004. Neuf modalités différentes de prise en charge analgésique observées lors de la réalisation des prélèvements ont pu être regroupées en six groupes :

  • groupe 1 : prélèvement sanguin capillaire sans solution sucrée ni de succion non nutritive (n = 43)
  • groupe 2 : prélèvement sanguin veineux sans solution sucrée ni de succion non nutritive (n = 40)
  • groupe 3 : prélèvement sanguin veineux + 2 mL d’une solution de glucose à 30 % + succion (n = 59)
  • groupe 4 : prélèvement sanguin veineux + 2 mL de saccharose à 25 % + succion (n = 46)
  • groupe 5 : prélèvement sanguin capillaire + 1 mL de saccharose à 25 % + succion (n = 45)
  • groupe 6 : prélèvement capillaire au sein maternel, réflexe d’éjection initié (n = 10)

Plusieurs différences cliniquement et statistiquement significatives sont constatées lors de l’analyse des résultats :

  1. l’effet analgésique évident des solutions sucrées associées à la succion non nutritive (score médian pour les prélèvement veineux à 1 avec solution sucrée versus 6 sans, et pour les prélèvements capillaires à 2 versus 10)
  2. l’obtention de scores de douleur plus élevés lors de la réalisation des prélèvements capillaires par rapport aux prélèvements veineux avec une différence de médianes entre les deux modalités de 4 points (6 versus 10)
  3. scores de douleur très bas lors des prélèvements capillaires réalisés chez l’enfant en cours d’allaitement (1 versus 10 sans solution sucrée ou succion)
  4. l’égale efficacité du glucose à 30 % + succion et du saccharose à 25 % + succion
  5. l’importance des scores de douleurs lors des prélèvements sanguins, capillaires et veineux, réalisés sans analgésie (médiane à 10 pour les capillaires, à 6 en veineux)
  6. encore 34 % de nouveau-nés subit des prélèvements sans analgésie en CHU
En conclusion : l’utilisation de techniques non pharmacologiques telles que l’administration orale des solutions sucrées, la succion non nutritive ou l’allaitement au sein maternel durant un prélèvement sanguin conduit à un soulagement quasi total de la douleur des nouveau-nés. Cette technique simple, non coûteuse, et efficace n’est pas assez utilisée.
Commentaire Pédiadol : en plus des mesures non pharmacologiques, le prélèvement sanguin veineux, moins douloureux, est à privilégier. Cependant, cette étude montre qu’avec une prise de solution sucrée associée à la succion ou l’allaitement, la douleur est faible également en prélèvement capillaire.

Comparaison des évaluations de la douleur induite par la réalisation d’un prélèvement sanguin chez le nouveau-né en utilisant 5 modalités différentes de prise en charge de la douleur
Mémoire de validation du diplôme :