Baruch S. Krauss, M.D*., Benjamin A. Krauss**, and Steven M. Green, M.D***.

*Children’s Hospital Boston;***University of Massachusetts Boston; ***Department of Emergency Medicine, Loma Linda University Medical Center and Children’s Hospital, Loma Linda, CA

Présentation et traduction Pr Daniel Annequin PEDIADOL

Les 13 videos sont consultables sur la chaîne YOUTUBE de  PEDIADOL

Ces 13 vidéos très courtes (quelques minutes) ont été réalisées par Baruch Krauss médecin urgentiste pédiatrique à Boston (USA). Depuis plus de 20 ans il est un des meilleurs experts de la sédation et de l’analgésie des enfants aux urgences pédiatriques , il a publié dans les revues les plus prestigieuses des articles de référence sur ces thèmes{Krauss, 2000 #4004;Flood, 2003 #4969;Krauss, 2006 #6836;Krauss, 2016 #8}. Jusqu’à présent, il décrivait essentiellement les moyens médicamenteux.

Dans ces vidéo il montre de manière simple comment évaluer rapidement le niveau d’anxiété de l’enfant et des parents et surtout il montre comment simplement on peut apprivoiser les enfants notamment les plus jeunes, ceux de moins de 4 ans qui sont les plus exposés à la contention forte source d’expérience traumatique et de phobie des soins.

Ces films particulièrement pédagogiques méritent d’être vus par tous les soignants impliqués dans les soins aux jeunes enfants

Voici ses conseils {Krauss, 2016 #1;Krauss, 2019 #4}

Observations avant d’entrer dans la salle d’examen


Vous pouvez recueillir des indices sur le niveau d’anxiété de base de l’enfant et du parent avant d’entrer dans la salle d’examen. Regardez dans la pièce et observez la position de l’enfant par rapport au parent. Un enfant qui joue de façon indépendante a probablement un niveau d’anxiété inférieur à celui d’un enfant qui tient le parent ou est blotti dans ses genoux. Observez si l’enfant est assis tranquillement ou s’il bouge continuellement. S’il est nécessaire que l’enfant se trouve dans une position particulière pendant la procédure ou l’examen, essayez de déterminer s’il sera capable de le maintenir. Examinez les expressions faciales et la posture de l’enfant et du parent en notant si elles semblent détendues ou tendues. Observez ce que font l’enfant et le parent. Plus l’enfant est engagé dans une activité, plus son niveau d’anxiété est faible.

Observations dès l’entrée dans la salle d’examen

Après avoir brièvement observé l’enfant et le parent, entrez lentement dans la pièce et restez à distance pendant un moment pendant que vous observez la réaction de l’enfant. Un enfant peu anxieux peut établir un contact visuel et répondre verbalement. Un enfant modérément anxieux peut réagir de manière non verbale en hochant la tête ou en surveillant vos mouvements. Un enfant très anxieux peut détourner le regard ou se cacher la tête quand vous vous adressez à lui . Si le niveau d’anxiété de l’enfant est faible, entrez dans la pièce directement. Si le niveau d’anxiété de l’enfant est modéré ou élevé, commencez votre interaction initiale à distance, puis approchez-vous lentement de l’enfant. Lorsque vous vous approchez de l’enfant, remarquez si son anxiété augmente. Si votre interaction initiale augmente l’anxiété de l’enfant, recommencez et approchez-vous plus lentement. Lorsque vous vous adressez à l’enfant, parlez doucement, lentement et simplement. Un niveau croissant d’implication de l’enfant – ce que l’enfant démontrera en observant vos mouvements ou en hochant la tête pendant que vous parlez – indique une anxiété décroissante et le début de la coopération avec vous.
À ce stade, il peut être utile de demander au parent ce qui apaise l’enfant dans des situations similaires à celle-ci. Notez le niveau d’anxiété du parent et son effet sur l’enfant. Si vous pouvez diminuer l’anxiété des parents, vous pouvez réduire celle de l’enfant, et inversement. Détourner l’attention de l’examen ou de la procédure en demandant au parent d’engager l’enfant dans une activité. Cet engagement contribue également à distraire le parent et à réduire l’anxiété que le parent pourrait transmettre involontairement à l’enfant. Aidez les parents à utiliser des mots et des phrases qui conviennent à l’âge de développement de l’enfant et évitez l’utilisation de termes potentiellement anxiogènes, comme aiguille, piqûre ou points de suture. Si l’anxiété de l’enfant semble hors de proportion avec la situation, demandez au parent si l’enfant a déjà eu une expérience médicale négative. Si c’est le cas, parlez directement de cette expérience négative et dites à l’enfant en quoi l’expérience actuelle sera différente.

Stimuler la curiosité

Un moyen de diminuer rapidement l’anxiété d’un enfant est de susciter la curiosité. Cette technique va effectivement détourner l’attention de la source d’anxiété. Chez les jeunes enfants, indiquez la couleur ou le motif d’un vêtement. Vous pouvez par exemple dire: « regarde tes chaussures, elle sont d’un rouge très vif » Vous pouvez également utiliser un objet dans la salle d’examen pour réaliser simple pour  l’enfant tente: ramasser un objet et le placer dans un gobelet , enlever et poser le couvercle du gobelet, tenir un abaisse langue dans une main puis le transférer dans l’autre main , empiler les deux oreillettes d’un otoscope. Le jouet ou l’objet lui-même est moins important que la tâche que vous faites faire à l’enfant. Chez les nourrissons et les jeunes enfants, vous pouvez stimuler la curiosité avec une stimulation visuelle et auditive en faisant briller la lumière d’un otoscope ou d’un ophtalmoscope, en imitant les gestes de l’enfant, en jouant avec des marionnettes, en présentant des objets étincelants, en soufflant des bulles, en jouant au coucou, en chantant, en faisant des sons syncopés, ou tapant en rythme avec un jouet. Chez les enfants de tous les âges, une tablette peut fournir une distraction passive, telle qu’un film, ou une distraction interactive, telle qu’un jeu vidéo. Lors du premier contact, certains enfants trop anxieux ne peuvent supporter tout contact visuel, physique ou tout dialogue . Dans de telles situations, laissez l’enfant s’adapter progressivement à votre présence. Reculez légèrement et dirigez votre contact visuel et votre parole vers le parent jusqu’à ce qu’une occasion de susciter la curiosité vous permette d’engager l’enfant. Vous rendre plus petit et moins intimidant en étant assis ou accroupi lorsque vous interagissez avec l’enfant peut également aider à réduire l’anxiété.

Rassurer les enfants

Les enfants craignent souvent des objets inconnus dans la salle d’examen : la  table , les instruments et le matériel de surveillance. Permettre aux enfants de toucher et de tenir les divers objets aidera à renforcer leur confiance et leur attention.  Exécuter une partie de l’examen physique sur vous-même, sur les parents de l’enfant, sur des frères et sœurs plus âgés ou sur un jouet avant de l’approcher peut également réduire l’anxiété. Chez un enfant blessé, commencez par toucher doucement les zones non blessées du corps, puis déplacez-vous progressivement vers le site de la blessure. En appliquant de manière répétée un agent analgésique topique (xylocaine) avant de réaliser une suture cutanée, vous pouvez aider l’enfant à réaliser que le contact ne sera ni douloureux ni effrayant.

Capter l’attention et distraire l’enfant

Une fois que vous avez éveillé la curiosité de l’enfant et que vous l’avez rassuré , identifiez ses intérêts et son niveau de développement, puis  defocaliser son attention de la procédure ou de l’examen. Discutez de ses jouets, ses activités préférées à la maison ou à l’école. Inciter l’enfant à dessiner ou à colorier, à visionner un dessin animé, à écouter de la musique ou à jouer à un jeu vidéo. Sollicitez les conseils des parents sur la bonne méthode qui convient à leur enfant pour capter au mieux son attention .

 

Un grand merci

Le groupe PEDIADOL remercie chaleureusement Baruch Krauss de nous avoir autorisé à diffuser ses videos

 

REFERENCES

  1. Krauss, B. and S.M. Green, Primary care: Sedation and analgesia for procedures in children. N Engl J Med, 2000. 342(13): p. 938-945.
  2. Flood, R.G. and B. Krauss, Procedural sedation and analgesia for children in the emergency department. Emerg Med Clin N Am, 2003. 21(1): p. 121.
  3. Krauss, B. and S.M. Green, Procedural sedation and analgesia in children. Lancet, 2006. 367(9512): p. 766-780.
  4. Krauss, B.S., et al., Current concepts in management of pain in children in the emergency department. Lancet, 2016. 387(10013): p. 83-92.
  5. Krauss, B.S., B.A. Krauss, and S.M. Green, VIDEOS IN CLINICAL MEDICINE. Managing Procedural Anxiety in Children. N Engl J Med, 2016. 374(16): p. e19.
  6. Krauss, B.A. and B.S. Krauss, Managing the Frightened Child. Ann Emerg Med, 2019. 74(1): p. 30-35