La prise en charge de la douleur provoquée par les soins ne se conçoit pas en pédiatrie sans l’utilisation du MEOPA, qui est l’un des moyens de prédilection pour prévenir la douleur iatrogène.
Or l’utilisation de ce moyen antalgique simple et de grande sécurité confronte les soignants à un problème récurent : celui de l’acceptation du masque.
Quelles sont les pistes qui aident les soignants lorsqu’ils se confrontent à un enfant qui refuse le masque ?
Les situations sont différentes selon l’âge de l’enfant, ce qui nous amène à proposer des stratégies distinctes selon qu’il s’agit d’un jeune enfant ou d’un enfant plus grand.

  • Chez l’enfant de 0 à 3 ans

L’application du masque chez le petit enfant est une contrainte pour lui. Il faut donc prendre le temps pour qu’il s’accoutume. Le masque ne doit en aucun cas être posé d’emblée de force sur le visage du jeune enfant. L’administration doit débuter si possible dans les bras des parents. A éviter : chercher à faire respirer l’enfant dans le masque alors qu’il pleure déjà car on vient de le prendre des bras des parents pour l’allonger, ce qui majore naturellement son stress et donc son refus.

Il s’agit d’appliquer petit à petit le masque en s’approchant lentement. Parfois le simple fait de laisser le masque près des narines de l’enfant pendant quelques instants sans poser le masque sur le visage lui permet de s’accoutumer progressivement et nous pouvons ensuite poser le masque de manière plus complète. Chez le jeune enfant qui a une tétine, on choisit un masque plus grand pour qu’il garde sa tétine pendant l’inhalation. Il est fréquent dans un deuxième temps que l’enfant n’ait plus besoin de sa tétine, on change alors de taille de masque si besoin. Chez l’enfant de moins de 4 mois, il est recommandé de commencer l’analgésie par la succion d’une solution sucrée ou l’allaitement afin de le calmer et de pouvoir appliquer le masque en douceur.

Si l’enfant suce son pouce, on débute l’inhalation pouce dans la bouche en posant le masque sur le nez au fur et à mesure que l’enfant se détend, il lâche son pouce et on peut alors mettre le masque normalement.
La distraction est organisée tout le long de l’inhalation de sorte à renforcer les effets antalgiques et l’acceptation du masque.

  • Chez l’enfant à partir de 3 ans

Confrontés au refus du masque, nous devons rechercher en premier lieu la cause de celui-ci. S’agit-il d’une mauvaise expérience antérieure (administration de MEOPA ou induction anesthésique au masque) ou s’agit-il des effets du MEOPA qui perturbent l’enfant (modification sensorielle, effet secondaire…) ? Est-ce le soin lui-même ou la position de l’enfant pour ce soin (allongé, agitation due à la contention, besoin de présence parentale…) ?
Le fait de laisser le temps à l’enfant de nous dire ce qui se passe pour lui, ce qui lui fait peur ou ce qui le gêne débloque très fréquemment la situation. On contraint bien souvent l’enfant à respirer dans le masque sans lui permettre de vérifier qu’il peut l’enlever et le remettre ! Nous devons lui laisser le temps de faire cette expérience s’il en ressent le besoin, pour majorer sa compliance.

Comme toujours, l’adhésion de l’enfant au soin nécessite de l’intégrer dans un univers ludique. L’application du masque est dédramatisée si elle fait partie d’un jeu initié avec lui. « On pourrait faire comme si tu étais un pilote d’avion… » ou encore  » Quand on respire l’air du masque, c’est comme si on respire de l’air magique, est-ce que tu veux essayer ? »
Les stylos parfumés peuvent être utilisés pour dessiner dans le masque et faire sentir à l’enfant « le gâteau dans la cuisine » ou « la fontaine en chocolat ». Cela  permet dès la première inspiration dans le masque de s’inscrire dans une sensation agréable. Le masque peut aussi être détourné en déguisement de cosmonaute par exemple et intégré dans une histoire dont l’enfant est le héros.  L’information et la compréhension de l’enfant sont primordiales au bon déroulement de l’administration du MEOPA. On utilisera des supports d’information adaptés à l’âge de l’enfant. Des poupées peuvent servir pour faire une démonstration. Enfin les livrets et posters de l’association Sparadrap sont d’excellents supports d’information qui préparent l’enfant et sa famille à l’utilisation de ce type de méthodes.

Laisser l’enfant manipuler le masque, le ballon et jouer avec en salle d’attente permet de dédramatiser le matériel. Offrir le masque à l’enfant comme un cadeau peut instaurer un climat favorable.
Si l’enfant a malgré tout une réaction de recul à l’approche du masque, on commencera l’administration légèrement à distance en rapprochant peu à peu le masque. Les mouvements de l’enfant seront ensuite accompagnés sans contrainte en plaçant une main en sous-mentonnier qui tient masque et menton et qui permet à l’enfant d’être libre de ses mouvements. La distraction et les suggestions agréables seront proposées tout au long du soin.

Toute contention violente doit être bannie.

Trouvez encore des suggestions pour l’application du masque sur Sparadrap.

MAJ mars 2022