Vlieger AM, Rutten JM, Govers AM, et al.
Long-term follow-up of gut-directed hypnotherapy vs. standard
care in children with functional abdominal pain or irritable bowel syndrome
Am J Gastroenterol 2012 ; 107
(4) : 627-31Ces auteurs hollandais avaient déjà publié en 2007 une étude randomisée, prospective, incluant
52 enfants entre 8 et 18 ans souffrant de douleurs abdominales récurrentes (douleurs
fonctionnelles ou syndrome de l’intestin irritable), qui avaient bénéficié soit de 6 séances
d’hypnose en 3 mois, soit d’un suivi standard avec conseils diététiques et entretiens de soutien ;
les symptômes (intensité et fréquence des douleurs et signes associés) étaient tous mieux
diminués par la prise en charge en hypnose, et cette différence, modeste initialement, devenait
très significative un an plus tard (85 % rémission dans le groupe hypnose vs 25 %).
Quatre ans plus tard, les auteurs ont recontacté ces jeunes et leur ont demandé de remplir de
nouveau un questionnaire de type agenda de la douleur sur une semaine (le même que celui
utilisé précedemment), un questionnaire de somatisation et un questionnaire de qualité de vie.
Quarante-neuf sur les 53 ont répondu (2 perdus de vue, un refus, tous dans le groupe contrôle).
Le recul moyen était de 4,8 années (3,4 à 6,7). Les enfants qui ont bénéficié de l’hypnose avaient
nettement moins de douleur, avec 68 % de rémission (définie par plus de 80 % d’amélioration des
scores de douleur) versus 20 %, et des scores d’intensité et de fréquence de douleur beaucoup plus
faibles. Les scores de somatisation étaient aussi plus faibles ; les scores aux questionnaires de
qualité de vie étaient comparables, et le nombre de jours manqués à l’école ou au travail, et de
consultations médicales également.
Commentaire Pédiadol : L’hypnose est un des seuls traitements efficaces pour les douleurs abdominales récurrentes, et l’amélioration initiale persiste 4 ans plus tard : un résultat très encourageant ! |
Liossi C, White P, Hatira P, et al.
A randomized clinical trial of a brief hypnosis intervention to control
venepuncture‐related pain of paediatric cancer patients
Pain 2009 ; 142
(3) : 255-63Cette étude randomisée, prospective, avait pour objectif de comparer lʹefficacité de la crème
EMLA® utilisée seule à celle de lʹassociation à une séance dʹauto‐hypnose lors dʹune ponction
veineuse réalisée en ambulatoire. Les enfants ont été randomisés en 3 groupes, crème EMLA® (E),
crème EMLA® + hypnose (E + H), crème EMLA® + attention (E + A). Les séances d’hypnose étaient
réalisées selon un guide et adaptées à l’âge de l’enfant, pour le groupe attention, il s’agissait d’une
conversation sur les activités de la vie courante (loisirs, école, sport). Pour les 2 groupes, les
séances ont duré 15 minutes avec le même psychothérapeute. L’évaluation de l’anxiété (anticipée,
pendant le geste) et de la douleur a été réalisée avant, pendant et après la ponction veineuse avec
une EVA (en auto-évaluation et en hétéro-évaluation par le psychologue et les parents).
Résultats : 45 enfants suivis en oncologie inclus, 20 garçons, de 6 à 14 ans (moyenne de 8,4 ans) et
leurs parents (33 mères, 12 pères). Les scores moyens (DS) de douleur ont été pendant le geste
pour les groupes E + H, E + A et E respectivement : 2,89 (0,79), 4,91 (0,51) et 5,09 (0,84), (p
‹ 0,001). Les enfants du groupe hypnose ont montré moins de détresse. Les enfants et les parents
du groupe hypnose étaient moins anxieux comparés aux 2 autres groupes (parents : E + H = 2,33 ;
E + A = 4,61 ; E = 5,35, enfants : E + H = 2,42 ; E + A = 4,33 ; E = 5,16). Cet effet s’est maintenu.
Conclusion : L’utilisation de l’hypnose est un moyen efficace en association avec la crème EMLA®.
Cette technique peut être enseignée facilement aux enfants et apporter un bénéfice pour diminuer
la douleur et l’anxiété liées à la ponction veineuse.
Commentaire Pédiadol : L’hypnose — ici l’auto-hypnose — a démontré son efficacité pour des gestes de soin, les auteurs insistent sur son intérêt. |
Vlieger AM, Menko-Frankenhuis C, Wolfkamp SC, et al.
Hypnotherapy for children with functional
abdominal pain or irritable bowel syndrome: a randomized controlled trial
Gastroenterology 2007 ; 133
(5) : 143-6Les douleurs abdominales d’origine fonctionnelle ou en lien avec un « côlon irritable » sont
fréquentes et durables chez l’enfant. De nombreuses études chez l’adulte rapportent l’effet
bénéfique de l’hypnose dans la prise en charge des douleurs abdominales d’origine fonctionnelle.
Les auteurs partant du principe que les enfants sont plus « suggestibles » que les adultes ont
réalisé une étude randomisée avec groupe contrôle chez 53 enfants âgés de 8 à 18 ans : 31
présentaient des douleurs abdominales fonctionnelles, 22 des douleurs en lien avec un côlon
irritable. Chaque enfant du groupe hypnose (n = 27) avait le même protocole composé de 6 séances de 50 minutes d’hypnose en 3 mois. Le « langage hypnotique » était adapté pour les
moins de 14 ans. Les suggestions portaient sur une relaxation globale, une amélioration du
sommeil et de l’estime de soi. Chaque enfant recevait un enregistrement audio d’une séance
standardisée pour faciliter les séances d’autohypnose. Les enfants du groupe contrôle (n = 25)
recevaient des conseils hygiénodiététiques, un supplément de fibres alimentaires, un traitement
antalgique ainsi qu’un inhibiteur de pompe à protons si nécessaire. Ils assistaient à 6 séances de
30 minutes d’une thérapie de soutien durant 3 mois durant lesquels étaient abordés les facteurs
déclenchants des douleurs d’origine alimentaire, émotionnels ou en lien avec un stress. Les
évaluations ont été prévues au départ à 1, 4, 8 et 12 semaines après la randomisation puis 6 et 12 mois après le traitement. Chaque enfant notait quotidiennement l’intensité (à l’aide d’une échelle
à 9 visages) et la fréquence des douleurs abdominales ainsi que les symptômes associés (nausée,
vomissement, baisse de l’appétit, flatulences, douleurs nocturnes, au lever et pendant les repas).
La somme des évaluations était faite sur 7 jours (score maximum = 21). La fréquence des douleurs
a été pondérée selon la méthode suivante : 0 : pas de douleur, 1 : douleur de 1 à 30 minutes, 2 :
douleur de 31 à 120 minutes, 3 > 120 minutes/jour. Ces chiffres étaient additionnés sur 7 jours
donnant un « score de fréquence de la douleur ». Les autres symptômes digestifs étaient cotés à 1
si présents au moins 2 fois dans la semaine, à 0,5 si 1 fois. Ce « score de symptômes associés » était
au maximum à 7 pour 7 jours.
Intensité douloureuse |
Initiale
|
À 1 an
|
p
|
Fréquence de la douleur |
Initiale
|
À 1 an
|
p
|
|
Hypnose |
13,5
|
1,3
|
‹ 0,01
|
Hypnose |
13,5
|
1,1
|
‹ 0,01
|
|
Contrôle |
14,1
|
8,0
|
‹ 0,02
|
Contrôle |
14,4
|
9,3
|
‹ 0,07
|
|
Symptômes associés |
Initiaux
|
À 1 an
|
p
|
Rémission complète (%) ↓ intensité et fréquence de 80 % |
Initiale
|
À 1 an
|
p
|
|
Hypnose |
3,1
|
1,2
|
‹ 0,01
|
Hypnose |
59
|
71
|
85
|
|
Contrôle |
3,8
|
2,5
|
‹ 0,02
|
Contrôle |
12
|
17
|
25
|
Cette étude montre l’intérêt évident de l’hypnose dans la prise en charge des douleurs
abdominales de l’enfant d’origine fonctionnelle ou en lien avec un côlon irritable.
Huertas-Ceballos A, Logan S, Bennett C, et al.
Psychosocial interventions for recurrent abdominal
pain (RAP) and irritable bowel syndrome (IBS) in childhood
Cochrane Database Syst Rev 2008 ; 23 (1) : CD003014
Dans une méta-analyse sur le sujet, 6 études randomisées incluant 167 enfants ont analysé l’effet
des thérapies cognitivo-comportementales versus prise en charge médicale de référence. Cinq de
ces 6 études rapportent une diminution significative des douleurs chez les enfants du groupe
cognitivo-comportemental par rapport à ceux du groupe contrôle. Malgré des études très
hétérogènes aux méthodologies faibles avec peu d’effectif, les auteurs concluent à l’intérêt des
thérapies cognitivo*comportementales pour les enfants souffrant de douleurs abdominales
récurrentes.
Commentaire Pédiadol : L’hypnose est à ce jour le seul traitement efficace des douleurs abdominales récurrentes (une revue de la Cochrane Collaboration a montré cette année qu’aucun traitement médicamenteux n’est efficace). |
L’hypnose et l’enfant douloureux : pourquoi, quand, comment ?
Wood C, Bioy A.
Hypnosis and pain in children
J Pain Symptom Manage 2008 ; 35 (4) : 437-46
Cet article de synthèse, écrit en anglais par des auteurs français, reprend les dernières
connaissances des effets de l’hypnose au niveau cortical et développe les différentes approches
cliniques et leurs applications dans la prise en charge de la douleur de l’enfant.
Hypnose et cystograhie rétrograde
Butler LD, Symons BK, Henderson SL, et al.
Hypnosis Reduces Distress and Duration of invasive Medical Procedure for Children
Pediatrics 2005 ; 115 : 77-85
Étude
randomisée : distraction versus hypnose chez 44 enfants âgés de 4 à 15 ans lors
de cystographie rétrograde. Chaque enfant avait eu au préalable au moins une mauvaise
expérience de cystographie (en moyenne 3).
L’anxiété et la douleur ont été mesurées à toutes les étapes de l’examen par auto
et hétéro-évaluation. La durée et la difficulté à réaliser l’examen ont été évaluées.
Les enfants du groupe hypnose avaient :
- des
scores d’anxiété et de douleurs significativement moindres ; - une
baisse de la durée de l’examen en moyenne de 14 minutes associée à un geste
plus facilement réalisable.
Une
contention a été nécessaire pour 5 % des enfants du groupe hypnose versus 22 %
dans le groupe témoin.
Les limites de cette étude sont l’absence de double aveugle et le faible effectif.
En conclusion, l’hypnose est une technique à conseiller lors des cystographies
rétrogrades chez les enfants de plus de 4 ans.
Efficacité de l’hypnose dans la réduction de la douleur et de l’anxiété lors des gestes douloureux chez les enfants atteints de cancer
Wild MR, Espie CA.
The efficacy of hypnosis in the reduction of procedural pain and distress in pediatric oncology: a systematic review
J Dev Behav Pediatr 2004 ; 25 (3) : 207-13
L’efficacité de l’hypnose est établie chez l’adulte dans la prise en charge des gestes invasifs. Peu d’études ont été réalisées chez l’enfant.
La suggestibilité à l’hypnose est plus forte chez les enfants que chez les adultes.
Malgré les prémédications médicamenteuses, les ponctions lombaires et myélogrammes sont des gestes difficiles, douloureux et source de détresse chez les enfants.
L’objectif de cette méta-analyse de 9 articles publiées ces 20 dernières années est de déterminer le « degré d’évidence » de l’efficacité de l’hypnose dans la prise en charge des gestes douloureux chez l’enfant en oncologie.
3 articles sont retenus avec un degré d’évidence suffisant (étude randomisée avec groupe contrôle) : l’hypnose baisse la douleur et l’angoisse lors des gestes douloureux chez les enfants suggestibles.
La limite principale de ces études est la faiblesse des effectifs. Ces 3 articles correspondent à un grade de recommandation faible.
Pour réaliser des études de qualité, il est préconisé de prévoir :
- des effectifs suffisants ;
- des groupes randomisés avec contrôle ;
- d’associer des mesures physiologiques à l’évaluation de la douleur ;
- de mesurer la suggestibilité des enfants ;
- d’évaluer l’efficacité de l’hypnose lors des différentes étapes du geste ainsi que sur le long terme.
L’hypnose apparaît comme une aide dans la prise en charge des gestes invasifs chez l’enfant. Pour qu’elle fasse partie des bonnes pratiques, des études de qualité sont nécessaires.
Martz Huth M, Bromme ME, Good M.
Imagery reduces children’s post-operative pain
Pain 2004 ; 110 : 439-48
Étude prospective multicentrique randomisée avec groupe contrôle portant sur l’influence de l’imagerie mentale (auto-hypnose) sur les scores de douleur et d’anxiété en postopératoire d’une chirurgie ambulatoire d’amygdalectomie ± adénoïdectomie. 73 enfants agés de 7 à 12 ans ont été randomisé en 2 groupes : un groupe témoin et un groupe formé à l’imagerie mentale. Dans ce dernier, chaque enfant avait eu une cassette vidéo d’apprentissage d’auto-hypnose associée à une cassette audio, en moyenne une semaine avant la chirurgie. L’intensité de la douleur baisse de 30 % dans le groupe hypnose en postopératoire immédiat. Les différences ne sont pas significatives sur les scores d’anxiété, la consommation d’antalgique et l’intensité de la douleur après 24 h.