Le développement des prélèvements pharyngés PCR-COVID concerne aussi les enfants !

Le diagnostic positif d’une infection en cours à Coronavirus repose, pour l’instant selon les recommandations, sur le prélèvement dans le nasopharynx permettant la détection par PCR de l’ADN viral du SARS-COV-2. Ce prélèvement est effectué chez les enfants à partir de 6 mois et en l’absence de rhinite associée. Chez le nourrisson de moins de 6mois et/ou en cas de rhinite associée, une aspiration des sécrétions peut être réalisée à la place du prélèvement du nasopharynx.

La formation des équipes dans ce domaine mérite beaucoup d’attention. Pour les prélèvements profonds naso pharyngés, on peut estimer qu’il existe un risque significatif de provoquer des épisodes de douleur et de détresse intenses, lorsque ce type de gestes est réalisé par un professionnel peu familier avec les soins pédiatriques,  aboutissant à une contention majeure.

Plusieurs questions se posent, notamment celle de la meilleure technique de prélèvement nasal, mais aussi la pertinence de ce type de bilan.

Il apparait que le prélèvement profond naso pharyngé majore largement la douleur, ce type de prélèvement apparait 4 fois plus douloureux que le prélèvement nasal simple [1]. Le prélèvement nasal simple apparait également nettement moins douloureux que l’aspiration naso pharyngée [2] mais cette étude trouve des performances diagnostiques plus faibles pour certains types de virus [2]. Dans l’étude faite aux urgences de Melbourne, 79 % des enfants de moins de 4 ans nécessitent une contention forte pour la pose d’une sonde naso gastrique [3]. Enfin il apparait que le prélèvement nasal puisse être remplacé par un prélèvement salivaire beaucoup moins douloureux [4, 5]. Récemment, les résultats d’une étude publiée dans le New England Journal of Medicine [6] montre qu’il est détecté davantage de copies ARN du virus dans la salive que dans le prélèvement nasopharyngé, notamment dans les 10 premiers jours de l’infection. La sensibilité est jugée comparable. Selon les auteurs, l’auto-prélèvement de la salive est possible  et simplifierait encore la réalisation du test.

Aux USA, le 7 mai, la FDA a autorisé les prélèvements salivaires à domicile [7]. Le prélèvement effectué par le patient lui-même apparait également aussi fiable [8]

En attendant l’arrivée du test salivaire en France, le kit fourni aux équipes pour le prélèvement naso-pharyngé semble inadapté à l’enfant, l’écouvillon est trop gros, il est rigide et fragile, il risque de se casser.

Tous ces éléments doivent nous inciter à former spécifiquement les équipes de prélèvement et à actualiser/préciser nos recommandations.

 

Pr Daniel Annequin, Centre de la douleur Hôpital Trousseau Président du Groupe Pediadol

REFERENCES

1. Ipp, M., et al., Rapid painless diagnosis of viral respiratory infection. Arch Dis Child, 2002. 86(5): p. 372-3.

2. Macfarlane, P., et al., RSV testing in bronchiolitis: which nasal sampling method is best? Arch Dis Child, 2005. 90(6): p. 634-5.

3. Crellin, D., et al., Procedural restraint use in preverbal and early-verbal children. Pediatr Emerg Care, 2011. 27(7): p. 622-7.

4. Azzi, L., et al., Saliva is a reliable tool to detect SARS-CoV-2. J Infect, 2020.

5. Pasomsub, E., et al., Saliva sample as a non-invasive specimen for the diagnosis of coronavirus disease 2019: a cross-sectional study. Clin Microbiol Infect, 2020.

 7. FDA Coronavirus (COVID-19) Update: FDA Authorizes First Diagnostic Test Using At-Home Collection of Saliva Specimens. 2020.

 8. Tu, Y.P., et al., Swabs Collected by Patients or Health Care Workers for SARS-CoV-2 Testing. N Engl J Med, 2020.