Les solutions sucrées sont un des moyens antalgiques non pharmacologiques les plus utilisés chez le nouveau-né. Leur efficacité est certaine pour des gestes provoquant une douleur légère à modérée. Leurs effets secondaires sont généralement mineurs et rapidement résolutifs. Elles sont utilisées le plus souvent pour une ponction capillaire ou veineuse, gestes douloureux très fréquents en médecine néonatale, notamment pour la mesure de la glycémie capillaire. Il est admis que l’administration de ces solutions sucrées ne modifie pas le résultat de la glycémie. Cela reste néanmoins une question fréquemment posée.

Il n’y a pas eu d’étude avec cette question en objectif principal ni secondaire. Une seule synthèse de la littérature a eu pour objectif de répondre cette question (1), dont les principaux points à retenir sont :

  • Dans aucune étude, l’administration unique ou répétée de petites quantités d’une solution sucrée à visée antalgique ne modifiait la glycémie.
  • Les doses utilisées en pratique sont extrêmement faibles, représentant 1/100e à 1/50e des apports en sucre quotidien chez les enfants. De plus, le délai le plus souvent court entre l’administration orale et la réalisation du prélèvement ne permet probablement pas de modifier la glycémie.
  • Enfin, l’absorption de glucose à travers la muqueuse orale est négligeable.

Toutes ces études renforcent l’idée que les solutions sucrées à visée antalgique chez le nouveau-né doivent être administrées dans la bouche, de préférence sur la pointe de la langue où se situent les récepteurs gustatifs au goût sucré, et sans l’intermédiaire d’une sonde gastrique.

En conclusion :

  • Les solutions sucrées doivent être utilisées avant une effraction cutanée chez le nouveau-né, y compris avant la réalisation d’un dextro.
  • Elles doivent être données 2 minutes avant le geste et associées à la succion non nutritive qui doit être maintenue pendant toute la durée du geste.
  • La dose minimale efficace doit être donnée à l’enfant (cf tableau des posologies recommandées).
  • Laisser l’enfant téter lui-même la quantité de sucre proposée (sans appuyer sur le piston de la seringue) permet aussi d’éviter le risque de fausses routes et les désaturations.

  1. Walter-Nicolet E, Chary-Tardy AC, Tourniaire B, le groupe P. [Do analgesic sweet solutions in neonates influence glycemia? A literature review]. Arch Pediatr. 2017;24(12):1281-6.

MàJ,  15/04/2022

Elizabeth Walter-Nicolet
Pédiatre-Service de néonatologie-maternité
Groupe Hospitalier Paris Saint Joseph