Utilisation de la réalité virtuelle : que retenir ?

Les auteurs d’une revue systématique ont examiné l’ensemble des articles publiés entre 2014 et 2019 sur l’utilisation de la réalité virtuelle[1]. Pour le choix des articles à analyser, 2 questions se posaient : la réalité virtuelle diminue-t-elle la douleur et est-elle supérieure aux soins standards ? Ont été incluses (sur plus de 800 études sur le sujet) 9 études (7 randomisées), chez des enfants âgés de 4 à 18 ans, comportant plus de 3 participants et incluant une évaluation de la douleur à l’aide d’échelles validées, comportant différentes méthodes d’utilisation de la réalité virtuelle. Les études et leurs résultats sont détaillés.

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La réalité virtuelle a été utilisée dans de nombreuses situations : crises vaso-occlusives, bloc du nerf alvéolaire inférieur, vaccinations, injections intraveineuses, pose de cathéters veineux, prises de sang, pulpothérapie dentaire, changements de pansements, soins de brûlures. Les soins standards utilisés dans les études randomisées étaient des méthodes de distraction autres (distraction passive, tablettes, télévision classique, télé avec programme « Child-Life » etc…) ; les moyens médicamenteux, si utilisés n’ont pas été détaillés. Les auteurs soulignent l’intérêt de la réalité virtuelle parmi les moyens non médicamenteux utilisés pour diminuer la douleur des procédures douloureuses chez l’enfant. Cependant, tout n’est pas clair, 2 études ne montrent pas d’effet de la réalité virtuelle par rapport à d’autres moyens de distraction, d’autres montrent des résultats similaires. Enfin l’interaction avec les morphiniques demande des précisions (lors d’une étude chez des enfants brûlés, certains enfants sous morphiniques ont été plus douloureux que les autres lorsqu’ils ont été traités sous réalité virtuelle). Enfin il n’a pas été déterminé s’il est préférable d’administrer un médicament avant ou après la mise sous réalité virtuelle.

 

Une autre méta-analyse, réalisée par des Néerlandais, est parue également et donne des résultats comparables. 17 essais ont été analysés, la RV était appliquée comme distraction lors principalement de soins de brûlures, également de pose d’un accès veineux, de soins dentaires, ou comme exposition (n = 1) avant une chirurgie élective sous anesthésie générale (cf. le résumé plus haut). L’effet de la RV a été principalement étudié chez les patients recevant des soins pour brûlures (n = 6). La différence moyenne standardisée pondérée globale pour la RV était de 1,30 (IC 95 %, 0,68-1,91) sur la douleur rapportée par le patient (sur la base de 14 études) et de 1,32 (IC 95 %, 0,21-2,44) sur l’anxiété rapportée par le patient (sur la base de 7 études). L’effet de la RV sur la douleur pédiatrique était également significatif lorsqu’elle était évaluée par les parents (DMN = 2,08 ; IC à 95 %, 0,55-3,61) ou les professionnels (DMN = 3,02 ; IC à 95 %, 0,79-2,25).

. Does virtual reality reduce pain in pediatric patients? A systematic review. Iannicelli AM, Vito D, Dodaro CA, De Matteo P, Nocerino R, Sepe A, Raia V. Ital J Pediatr. 2019 Dec 30;45(1):171.

. Systematic Review and Meta-analysis of Virtual Reality in Pediatrics: Effects on Pain and Anxiety. Eijlers Rand al. Anesth Analg. 2019 Nov;129(5):1344-1353.

 

Commentaire Pédiadol

La RV va se développer ! D’autres études sont parues cette année. Mais outre son coût limitant, et l’impact sur la relation avec le soignant qui disparaît du champ de vision de l’enfant, ce moyen séduisant de distraction immersive nécessite d‘autres études en douleur aiguë et en douleur chronique pour établir sa place.

[1] Vous trouverez une première revue de la littérature sur la réalité virtuelle dans la synthèse bibliographique des actes du congrès Pédiadol de 2017, et un regard professionnel et éthique sur l’ensemble des moyens de distraction dans l’article des Actes 2019 sous le titre « Pas d’écran à la relation ».