Comment aborder un enfant douloureux ?

Les enfants pensent généralement que leurs parents et ceux qui les soignent perçoivent ce qu’ils ressentent.

La communication permet :

  • de faire comprendre à l’enfant qu’on n’est pas dans son corps et qu’il n’y a que lui qui peut dire où il a mal et avec quelle intensité,
  • d’établir une relation de confiance avec l’enfant.

L’information de l’enfant et de ses parents est une obligation.

 

Parler à l’enfant lui-même, même nouveau-né !

Souvent les soignants s’adressent aux parents, mais « oublient » de communiquer plus directement avec l’enfant !

Plus l’enfant est jeune, plus la douleur peut être pour lui une agression incompréhensible.
Parler à un nouveau-né permet d’être en relation avec lui.
S’occuper d’un enfant douloureux ou lors d’un soin nécessite cohérence et prudence :

  • voix calme et douce,
  • gestes lents et doux, mains accueillantes.

Plus l’enfant est douloureux, plus il faut l’aborder avec lenteur.

 

Répondre aux besoins relationnels de l’enfant

Quel que soit son âge, l’enfant est dépendant de ses parents et des soignants qui s’occupent de lui. Il a besoin d’être rassuré. Il a besoin d’explications.
Pour y parvenir :

  • Favoriser son expression verbale par des questions précises,
  • Prendre le temps de l’écouter,
  • L’informer sur ce qui se passe et/ou sur ce qui va se passer,

Ensuite seulement réaliser le soin ou l’examen médical.

Parler à l’enfant favorise la relation au cours des soins et de l’examen médical. Lors d’un geste technique, le risque est de s’enfermer dans une approche uniquement opérationnelle et de laisser de côté l’aspect relationnel du soin.

Vous trouverez des informations sur la communication avec les enfants, avec des vidéos très pratiques sur le site de Sparadrap  : ici.

Communiquer avec l’enfant permet d’allier au cours du soin ou de l’examen, aspect technique et relationnel.

 

Que comprennent les enfants ?

Attention un enfant « affolé » et douloureux perd ses capacités de compréhension.

L’enfant de 0 à 1 an

  • Possède les récepteurs et les systèmes de transmission de la douleur.
  • Les mécanismes physiologiques de contrôle de la douleur sont immatures.
  • Les fonctions cognitives sont insuffisantes pour lui permettre d’analyser sa douleur.

→ Le bébé est très démuni face à la douleur.
Malgré et à cause de ces « insuffisances », communiquer avec lui de façon rassurante est primordial.

L’enfant de 1 à 3 ans

  • Acquiert un répertoire de 150 mots.
  • Commence à désigner où il a mal.
  • N’a pas la notion du temps.
  • Ne sait pas se projeter dans l’avenir.
  • Ne comprend qu’une consigne à la fois.

→ Le nourrisson a surtout besoin de la présence de ses parents.

L’enfant entre 3 et 6 ans

  • Acquiert un répertoire de 1 500 mots.
  • Peut se plaindre spontanément mais a besoin d’aide pour décrire sa douleur.
  • N’a pas la notion du temps.
  • Est centré sur son point de vue, ne peut envisager le point de vue des autres.
  • Attribue la cause de sa douleur à des personnes ou des événements extérieurs objectivables ou imaginaires.
  • La douleur est souvent vécue comme une punition.
  • A des peurs diffuses et importantes même pour des petites blessures.
  • A besoin d’être rassuré sur son intégrité corporelle en cas d’effraction de son corps (il pense qu’une piqûre peut endommager son corps et a besoin qu’on lui explique la notion de cicatrisation).

L’enfant à l’école maternelle a besoin de la présence des ses parents et d’avoir la possibilité de s’évader dans le monde imaginaire

L’enfant entre 6 et 12 ans

  • Peut décrire sa douleur.
  • Acquiert la notion du temps.
  • Peut faire le lien entre la douleur et sa cause, la pensée devient logique.
  • C’est l’âge des acquisitions de connaissances : l’enfant aime et recherche les explications.

→ L’enfant à l’école primaire adhère souvent bien au projet de soins.

L’adolescent

  • Vit des transformations corporelles et acquiert son autonomie.
  • A besoin de conformisme. La douleur l’exclut du groupe.
  • L’adolescent a souvent un sentiment d’injustice, de révolte devant ce qui lui arrive.
  • Discuter, informer, échanger et négocier sont les clés d’une relation de confiance

→ Chez l’adolescent, un sentiment d’abandon et une dépression peuvent s’installer rapidement.

 

Informer, une obligation

L’information est un droit du malade. Nous sommes dans l’obligation légale de délivrer une information simple, accessible, intelligible, loyale, appropriée à nos patients sans distinction d’âge.

La loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (loi 2002-303 du 4 mars 2002stipule que tout patient doit recevoir une information claire, loyale et adaptée : « Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus », et concernant les mineurs « Les intéressés ont le droit de recevoir eux-mêmes une information et de participer à la prise de décision les concernant, d’une manière adaptée soit à leur degré de maturité s’agissant des mineurs, soit à leurs facultés de discernement s’agissant des majeurs sous tutelle ».

L’article 35 du code de déontologie médicale (décret 95-1000 du 6 sept. 1995) :
« Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhension ». Concernant les mineurs : « Le médecin appelé à donner des soins à un mineur doit s’efforcer de prévenir ses parents ou leur substitut et d’obtenir leur consentement. Si l’avis de l’intéressé peut être recueilli (…), le médecin doit en tenir compte dans la mesure du possible. »

La charte européenne de l’enfant hospitalisé (1995) précise : « les enfants doivent être informés des actes et examens nécessaires à leur état de santé en fonction de leur âge et de leur faculté de compréhension, dans la mesure du possible et indépendamment de l’indispensable information de leurs représentants légaux. »

La circulaire de la DGS du 23/11/98, relative au régime de visite des enfants hospitalisés en pédiatrie, précise que « le consentement de l’enfant hospitalisé, lorsqu’il peut l’exprimer, doit être recherché pou tous les examens et actes médicaux pratiqués. »

Le plan triennal d’action contre la douleur (circulaire DGS du 22/09/98) demande que soit délivré à tout patient entrant à l’hôpital un « carnet douleur » qui doit être remis avec le livret d’accueil dès l’arrivée. L’objectif est d’informer des possibilités de prise en charge de la douleur. Une version pédiatrique est disponible.

Septembre 2020