Les effets indésirables sont rares, voire exceptionnels si les contre-indications et précautions sont bien respectées, plusieurs études de cohorte enregistrant les effets indésirables après prise d’ibuprofène ou de paracétamol (Lesko SM à Boston (JAMA 1995), 84 000 enfants inclus aux urgences et Ashraf E dans le New Jersey (Inflammopharmacology. 1999), 30 000 enfants inclus), ainsi que trois synthèses récentes (Southey 2009, Pierce 2010, Kanabar 2017), l’ont bien démontré.
Précautions d’emploi pour tous les AINS :
- jamais si varicelle ;
- prudence si infection pulmonaire sévère, infection ORL sévère (abcès), infection cutanée ou des tissus mous : le lien de cause à effet n’a pas été prouvé entre infection sévère et prise d’AINS (deux événements concomitants ne sont pas forcément en lien de causalité). Il est possible que des germes particulièrement virulents soient en cause et que la prise d’AINS ait été motivée par la gravité des symptômes. Mais un principe de précaution est actuellement souvent retenu en France pour ces situations d’infection bactérienne sévère. Les études se poursuivent et le comité européen de pharmacovigilance (PRAC) est saisi de cette surveillance, suite au rapport du comité de pharmacovigilance de Tours et à une alerte en 2019 de l’ANSM.
- prudence ou CI si risque hémorragique ou trouble de la coagulation ;
- prudence si risque de déshydratation (qui peut favoriser une insuffisance rénale) : corriger l’hydratation avant l’administration.
Contre indications officielles figurant dans les RCP pour tous les AINS :
- insuffisance cardiaque, hépatique, ou rénale sévères
- ulcère gastrique ou antécédent de saignement gastrique avec AINS
- hypersensibilité ou intolérance à la molécule (antécédent de réaction allergique, de crise d’asthme déclenchée par la prise…); lupus
- ne jamais associer deux AINS entre eux
Effets indésirables pour tous les AINS :
- dyspepsie, douleur épigastrique : parfois ; hémorragie digestive exceptionnelle (4 cas dans la cohorte de Lesko) ;
- insuffisance rénale aiguë exceptionnelle (le plus souvent fonctionnelle d’origine glomérulaire, réversible, plus rarement immunoallergique)
- autres effets exceptionnels chez l’enfant
L’ibuprofène est l’AINS de référence en pédiatrie, les autres molécules peuvent être un recours.
Tous les AINS ayant une AMM en pédiatrie sont cités ici.
L’ANSM ne recommande pas d’associer systématiquement des inhibiteurs de la pompe à protons chez l’enfant (RBP Afssaps 2008 – Antisécrétoires chez l’enfant).
Il est toujours recommandé d’utiliser la posologie la plus faible possible pour une durée la plus courte possible et de reconsulter en cas d’apparition de nouveau symptôme.
Ibuprofène
Sirops : entre autres noms : Advilmed® 7,5 mg/kg/prise Nurofenpro®, génériques de sirop :10 mg/kg/prise |
Pour toutes les présentations : 10 mg/kg/8 h ou 7,5 mg/kg/6 h Max. 400 mg/prise (exceptionnellement 600 mg) Rester à 30 mg/kg/j Exemples : pour 10 kg : Advilmed® sirop une dose de 10 kg × 4/j |
Comprimés : entre autre noms :
Nurofenflash®, Advil®, Brufen®, Antarène®, Nureflex®, etc. et génériques : 100 mg, 200 mg, 400 mg ; cp orodispersibles 200 mg (Nurofentabs®) |
Indications officielles de l’AMM
3 mois, pour fièvre ou douleur.
Douleur d’intensité légère à modérée d’origine variée selon les AMM des différentes spécialités commercialisées : migraine, douleur traumatique, inflammation, arthrite juvénile, douleurs dentaires, courbatures, états grippaux, dysménorrhée, etc.
LE PLUS PÉDIADOL |
L’ibuprofène est l’antalgique de première intention à introduire si le paracétamol est insuffisant. En France, des sirops (20mg/ml) à pipettes différentes sont sur le marché, rendant la situation difficile à comprendre par les familles… et les prescripteurs ! Pour une posologie quoitidienne maximale de 30 mg/kg/j, les laboratoires ont choisi de fabriquer :
Associer au paracétamol permet probablement d’augmenter l’efficacité antalgique (recommandations HAS 2016). Attention, selon les présentations et les marques, l’AMM est plus ou moins restrictive pour l’âge et le poids. |
Exemples de prescription
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Kétoprofène
Sirop Profénid®, Toprec® Cp Profénid®, Toprec® et génériques 25, 50, 100 mg |
0,5-1 mg/kg/8 h Ex. pour 10 kg : 1-2 doses de 10 kg × 3/j pour 20 à 25 kg : 1 cp 25 mg × 3/j |
Poudre pour solution injectable IV | 0,5-1 mg/kg/8 h IVL en 20 min |
Indications officielles de l’AMM
- Sirop : 6 mois, pour fièvre.
- Cp : 15 ans.
- IV : 15 ans pour colique néphrétique, douleur postopératoire.
LE PLUS PÉDIADOL |
Le Toprec® sirop a une AMM pour la fièvre en France mais peut être utilisé comme antalgique. Bien spécifier sur l’ordonnance : « je dis bien de donner… » pour éviter les refus de délivrance. Les cp, malgré une AMM à 15 ans, peuvent tout à fait être utilisés avant, en fonction du poids (cp 25 mg à partir de 20-25 kg). En l’absence d’un AINS IV ayant une AMM en pédiatrie, le kétoprofène est largement utilisé en France, hors AMM, dès l’âge de 1 an (nombreuses études en particulier en post-opératoire, Recommandations Afssaps 2009). |
Acide niflumique
Nifluril® gélules 250 mg | Environ 4 à 6 mg/kg/prise × 3/j |
Nifluril® suppositoires 400 (sécables), 700 mg | Absorption intrarectale très mauvaise, utilisation non recommandée |
Indications officielles de l’AMM
Douleur ORL ou stomatologique et arthrite juvénile :
- Gélules : 12 ans.
- Suppositoires : 6 mois.
LE PLUS PÉDIADOL |
Peu d’études d’efficacité. |
Diclofénac
Voltarène® et génériques : cp 25, 50 mg | 1 mg/kg/8 h |
1 mg/kg/prise supprimés en 2015 |
Indications officielles de l’AMM
- Cp 25 mg : 6 ans, 50 mg : 35 kg ou 12 ans, pour rhumatismes inflammatoires, dysménorrhée.
LE PLUS PÉDIADOL |
Peut être utilisé hors AMM pour d’autres douleurs que les rhumatismes. L’absorption du diclofénac en intrarectal est meilleure que celle de l’acide niflumique, ce serait donc le seul AINS rectal utilisable. Les suppositoires pouvaient être prescrits p. ex. pour une crise de migraine avec nausées ou vomissements mais la posologie pédiatrique (Suppo 25 mg) n’est plus commercialisée actuellement. |
Acide tiaprofénique
Surgam® et génériques cp sécables 100, 200 mg | 10 mg/kg/j |
Indications officielles de l’AMM
- 15 kg ou 4 ans, pour douleur ORL, stomatologique, post-traumatique, rhumatisme (arthrite juvénile), dysménorrhée.
Naproxène
Apranax®, Naprosyne®et génériques : 250, 275, 500, 550 mg | 10-20 mg/kg/j |
Indications officielles de l’AMM
- Cp 250 et 275 mg : 25 kg (6-8 ans) pour arthrite juvénile.
- Cp 500 et 550 mg : à partir de 15 ans pour douleurs rhumatologiques.
LE PLUS PÉDIADOL |
Utilisé aussi pour les crises de migraine. |
Acide méfénamique
Ponstyl® gélules 250 mg | 2 gélules × 3/j |
Indications officielles de l’AMM
À partir de 12 ans pour douleurs modérées, céphalées, douleurs dentaires, de l’appareil locomoteur, dysménorrhée.
LE PLUS PÉDIADOL |
Utilisé surtout pour la dysménorrhée. |
Acide acétylsalicylique
Aspirine® et génériques Voie orale : présentations multiples de 100 à 1 000 mg |
10-15 mg/kg/6 h |
Amp IV | 10 mg/kg/6 h |
Indications officielles de l’AMM
- Sachet 100 mg : à partir de 3 mois.
- Voie IV : adulte.
LE PLUS PÉDIADOL |
N’est plus utilisée sauf parfois en rhumatologie. Attention aux contre-indications. Jamais dans la semaine préopératoire. Jamais en cas de trouble de la coagulation. |