Bibliographie douleur post-opératoire : amygdalectomie, AINS…

AINS et amygdalectomie : pas de sur-risque hémorragique d’après une méta-analyse de 2013
Riggin L, Ramakrishna J, Sommer DD et al.
A 2013 updated systematic review & meta-analysis of 36 randomized controlled trials; no apparent effects of non steroidal anti-inflammatory agents on the risk of bleeding after tonsillectomy
Clin Otolaryngol 2013 ; 38 : 115–29

L’amygdalectomie de l’enfant est l’une des procédures chirurgicales les plus courantes, réalisée dans le monde entier et souvent associée à un état douloureux postopératoire nécessitant une prise en charge antalgique pharmacologique.
Bien que de nombreuses études aient été réalisées sur le sujet, aucun traitement antalgique postopératoire de référence n’a pu être mis en place dans la prise en charge de la douleur après amygdalectomie.
Même s’il est fréquent que les chirurgiens prescrivent des opioïdes comme antalgiques postopératoires, ceux-ci sont associés à de nombreux effets indésirables potentiels incluant nausée, vomissements, constipation, sédation excessive et troubles respiratoires. Étant donné que la majorité des adéno-amygdalectomies réalisées chez les enfants le sont pour traiter un syndrome obstructif d’apnées du sommeil (SOAS), et que ces symptômes peuvent persister dans plus d’un tiers des cas après la chirurgie, l’utilisation d’opioïdes en postopératoire dans cette population peut potentialiser le risque de complications respiratoires.
Malgré le fait que la littérature suggère l’efficacité des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans l’antalgie postopératoire de la population pédiatrique, les cliniciens restent réticents quant à leur utilisation après amygdalectomie du fait de la préoccupation portée sur le sur-risque hémorragique.
Notamment, les données de la littérature restent ambiguës quant à savoir si ce sur-risque hémorragique existe réellement ou non. Plusieurs revues systématiques et méta-analyses ont rapporté des résultats contradictoires, certaines retrouvant un risque de ré-intervention chirurgicale augmenté après prise d’AINS, alors que d’autres non.
Pour essayer de lever la controverse existante, dans la présente étude, il a été réalisé une revue systématique et une méta-analyse, avec une sous-analyse d’AINS spécifiques, afin de déterminer si une des molécules de cette classe thérapeutique semble intervenir sur le sur-risque hémorragique après amygdalectomie.

Objectifs : Évaluer les effets des AINS sur le saignement post-amygdalectomie dans les populations adultes et pédiatriques.

Méthodes : Revue systématique et méta-analyse de tous essais contrôlés randomisés comparant le taux hémorragique et la sévérité du saignement entre groupes AINS versus placebo ou traitement opioïde post-amygdalectomie ou adéno-amygdalectomie, dans les populations adulte et pédiatrique.
Recherche indépendante par deux auteurs sur des bases de données électroniques incluant PubMed, OVID, EMBASE et la revue Cochrane depuis « inception » jusqu’à juillet 2012. Les mots clés utilisés étaient : adéno-amygdalectomie, amygdalectomie, analgésie, hémorragie, périopératoire et postopératoire.
Ils ont ensuite été utilisés selon des combinaisons variées avec les AINS spécifiques suivants : ASA, diclofenac, flurbiprofen, ibuprofen, indomethacin, ketoprofen, ketorolac, lornoxicam et tenoxicam.
Critères d’inclusion :

  • essai contrôlé randomisé utilisant un AINS spécifique chez des patients en post-amygdalectomie ;
  • groupe contrôle traité avec paracétamol, placebo ou opioïdes ;
  • critère « saignement » mesuré ;
  • utilisation d’un AINS par voie orale, IV, rectale ou IM.

 

Critères d’exclusion :

  • case report et les études avec de petits effectifs (< 10 patients) ;
  • études rétrospectives.

 

Critère principal de jugement :

  • hémorragie postopératoire ;
  • hémorragie secondaire, définie comme une hémorragie débutant après une période postopératoire sans saignement ;
  • émorragie nécessitant une ré-hospitalisation ;
  • hémorragie nécessitant une réintervention chirurgicale ;
  • hémorragie nécessitant une administration d’acide tranexamique.

 

Sous-groupes d’analyse :

  • en fonction de l’AINS utilisé dans l’étude ;
  • en fonction du moment d’administration de l’AINS (préopératoire, peropératoire, postopératoire ou administrations multiples).

 

Résultats : 36 études répondaient aux critères d’inclusion, représentant 4 878 patients dont 1 747 enfants et 1 446 adultes.
Critère de jugement principal : L’utilisation des AINS en postopératoire après amygdalectomie dans l’ensemble de la population (1,30 [0,90-1,88]) ou dans la population pédiatrique (1,06 [0,65-1,74]) n’était pas associée à une augmentation du risque hémorragique de façon générale, des hémorragies sévères, des hémorragies secondaires, des ré-hospitalisations ou de la nécessité d’une réintervention du fait de l’hémorragie (9 des 36 études n’avaient aucun évènement dans aucun des groupes d’étude).
Il n’y avait pas de différence significative entre le nombre de patients, adultes et enfants, nécessitant une réintervention chirurgicale après traitement par AINS versus traitement par d’autres antalgiques. Ce résultat erepose sur 18 études, dont 5 n’avaient pas d’évènement dans aucun des groupes d’étude.
Il n’y avait pas non plus de différence significative concernant le nombre d’hémorragies nécessitant une ré-hospitalisation, le nombre d’hémorragies secondaires et le nombre d’hémorragies pouvant être traitées de façon conservatrice, que ce soit dans la population générale ou pédiatrique.
Dans les études centrées uniquement sur la population pédiatrique, le risque relatif d’hémorragie postopératoire était même plus bas que dans la population générale, et non significatif. Ce résultat repose sur 18 études dont 6 n’avaient aucun évènement dans aucun des bras de l’étude.
Critère de jugement secondaire : Il n’y avait pas de sur-risque hémorragique, quel que soit l’AINS administré, dans la population générale comme pédiatrique.
Il n’y avait pas de différence significative du taux d’hémorragie dans l’analyse en sous-groupes des études où les traitements par AINS étaient donnés à plusieurs reprises, ni avant ni après la chirurgie.
La seule différence significative mise en évidence à l’issue de la méta-analyse est l’existence d’un sur-risque hémorragique dans le sous-groupe de patients traités par AINS uniquement en postopératoire. Il n’y avait pas de différence statistique lorsque l’AINS était administré en préopératoire ou en peropératoire, ni lorsqu’il était administré plusieurs fois, par exemple avant et après chirurgie.

Discussion : Concernant la seule différence ayant pu être mise en évidence dans la méta-analyse, c’est-à-dire l’augmentation du risque hémorragique chez les patients traités par AINS uniquement en postopératoire, les auteurs font remarquer que ce résultat peut être dû à l’aléa statistique du fait de la multiplication des analyses en sous-groupes. Ils ne conçoivent pas d’explications biologiques plausibles permettant d’expliquer ce résultat, d’autant plus que ce sur-risque n’a pas été retrouvé dans les sous-groupes d’analyse où l’AINS était administré uniquement en préopératoire ou uniquement en peropératoire. D’autres études sont donc nécessaires afin de déterminer si ce risque est réel ou non.
Une autre considération importante mise en lumière par les auteurs est que plus d’une technique chirurgicale était utilisée dans les différentes études incluses dans la méta-analyse, et que celle-ci n’était parfois pas décrite, ne permettant aucune analyse en sous-groupe.
Les principales limitations de cette méta-analyse décrites par les auteurs sont les variations dans les doses d’AINS données, l’hétérogénéité des groupes contrôles et des données mesurées.

Conclusion : Ces résultats suggèrent que les AINS peuvent être considérés comme une méthode sûre d’antalgie chez les enfants justifiant d’une amygdalectomie.

Commentaire Pédiadol : Ces résultats suggèrent que les AINS peuvent être considérés comme
une méthode sûre d’antalgie chez les enfants justifiant d’une amygdalectomie : en France c’est un
changement d’habitudes radical, qui se justifie d’autant plus que la codéine n’est plus
recommandée.

Codéine : risque de décès après amygdalectomie,
nouvelles recommandations de l’ANSM

Kelly LE, Rieder M, van den A et al. More codeine fatalities after tonsillectomy in North American children. Pediatrics 2012 ; 129 (5) : e1343-7
Racoosin JA, Roberson DW, Pacanowski MA et al. New evidence about an old drug – risk with codeine after adenotonsillectomy. N Engl J Med 2013 ; 368 (23) : 2155-7
Goldman JL, Baugh RF, Davies L et al. Mortality and major morbidity after tonsillectomy: Etiologic Factors
and Strategies for Prevention. Laryngoscope 2013 ; 123 (10) : 2544-53
Recommandations de l’OMS

Courant 2012, malheureusement, 3 décès et un accident qui aurait pu être fatal ont été signalés
chez des enfants traités par codéine après une amygdalectomie pour syndrome obstructif des
voies aériennes supérieures (VAS) et apnées du sommeil ; tous étaient métaboliseurs rapides de la
codéine, plusieurs étaient également obèses. Des cas isolés avaient déjà été publiés. Il a été signalé
également de façon tout à fait exceptionnelle le décès d’un nouveau-né allaité alors que sa mère
prenait de la codéine pour la douleur ; il était également métaboliseur rapide.
La codéine est transformée en morphine (déméthylation) par le foie, en général dans un rapport de 10 à 1, grâce à une enzyme du cytochrome P450 (gène CYP2D6 qui comporte une grande
variabilité). Les métaboliseurs rapides sont les personnes qui transforment la codéine en
morphine de façon très supérieure à la normale, ils représentent 1 à 7 % de la population, mais
jusqu’à 29 % dans certaines populations de l’Ouest de l’Afrique (Éthiopie) ; à l’inverse, les
métaboliseurs lents, qui transforment peu la codéine, et chez qui celle-ci est donc inefficace,
seraient beaucoup plus nombreux : 5 à 10 voire 47 % selon les études et les populations étudiées.
Une revue des cas de décès ou de dépression respiratoire publiés soit dans la littérature médicale
soit signalés à la FDA a été faite en remontant jusqu’à 1969, et publiée dans la revue New England
Journal of Medicine
début 2013. Cette enquête a retrouvé 13 cas (incluant ceux de l’article de Kelly
de 2012), dont 10 décès, chez des enfants de 21 mois à 9 ans, 8 après amygdalectomie, 3 au cours
d’infection des voies aériennes supérieures ; seulement 7 sur 13 avaient été publiés ; tous
recevaient apparemment des doses normales de codéine ; sur ceux qui ont bénéficié d’analyse
génétique du cytochrome impliqué, 4 sur 7 étaient métaboliseurs rapides.
Parallèlement la société américaine des ORL faisait une enquête en interne sur les décès après
amygdalectomie (552 répondants) : 8 décès imputables à l’emploi d’opioïdes ont été signalés, dont
2 décès imputables à la codéine ont été retrouvés, chez 2 enfants (3 et 12 ans) opérés pour
syndrome d’apnées et obstruction, l’un confirmé comme ultramétaboliseur, l’autre suspecté.
Dans ce contexte, la FDA a fait paraître en février 2013 une contre-indication à l’emploi de la
codéine en postopératoire de l’amygdalectomie, et une recommandation de n’utiliser la codéine
chez l’enfant que si le bénéfice semblait supérieur au risque
(http://www.fda.gov/Drugs/DrugSafety/ucm339112.htm).
En Europe, l’agence européenne du médicament (EMEA) a suivi, avec un communiqué du PRAC
immédiatement relayé par l’ANSM en date du 12 avril 2013 : il s’agit d’une restriction de l’AMM : « ne plus utiliser chez les enfants de moins de 12 ans, ni après amygdalectomie ou
adénoïdectomie »
 ; sinon de « n’utiliser la codéine chez l’enfant de plus de 12 ans qu’après échec
paracétamol et/ou AINS », à la plus faible dose efficace, pour la durée la plus courte possible ; et
bien sûr ne pas utiliser pendant l’allaitement.
À noter que l’OMS recommande aujourd’hui clairement une stratégie à deux paliers : paracétamol
et ibuprofène, et si insuffisant morphine.

Commentaire Pédiadol : Cette recommandation est à prendre en compte comme une volonté de
sécurité renforcée pour les enfants opérés d’amygdalectomie pour syndrome obstructif et apnées.
La codéine était un « mauvais » médicament à l’effet modeste et incertain mais… elle nous
« rendait service »… Tous nos protocoles pour les situations intermédiaires de douleur doivent
être revus… Un groupe d’experts (SFP, SFETD, SFAR, SFCE, SFORL) se réunit pour réfléchir aux
alternatives. L’association paracétamol – ibuprofène est recommandée en l’absence de contre-indication ; si échec passage à la morphine (sauf dans certaines indications comme la migraine ou
les douleurs chroniques). La place du tramadol (métabolisé par le même cytochrome, donc
susceptible aussi d’entraîner des accidents graves) et de la nalbuphine (Nubain®) en milieu
hospitalier n’est pas encore bien établie entre ces deux niveaux. Une publication suivra en 2014.

Postopératoire de l’amygdalectomie : suivi téléphonique
Paquette J, Le May S, Lachance Fiola J et al. et al.
A randomized clinical trial of a nurse telephone follow-up on
paediatric tonsillectomy pain management and complications
J Adv Nurs 2013 ; 69 (9) : 2054-65

Dans cette étude québécoise randomisée après amygdalectomie chez des enfants de 4-12 ans,
l’administration à domicile de l’association paracétamol et codéine a été supervisée (n = 24), ou
non (n = 21), par des entretiens téléphoniques réguliers (J1 J3 J5 J10), avec une infirmière
ressource. Le suivi téléphonique a entraîné les différences suivantes : plus de doses administrées,
meilleurs ingesta liquidiens, plus de constipation ; les différences sur les scores de douleur et sur
le recours à l’urgence n’atteignent pas le niveau significatif. Cette méthode de suivi peut donc
avoir son intérêt (même si des études précédentes n’étaient pas aussi positives).

Douleur postopératoire et AINS
Michelet D, Andreu-Gallien J, Bensalah T et al.
A meta-analysis of the use of nonsteroidal antiinflammatory
drugs for pediatric postoperative pain
Anesth Analg 2012 ; 114 (2) : 393-406

Dans cette méta-analyse, 27 études randomisées utilisant à la fois AINS et morphine en
postopératoire chez l’enfant ont été analysées par cette équipe française. L’utilisation des AINS en
période périopératoire diminuait la consommation morphinique en SSPI et pendant les premières
24 h postopératoires, la douleur en SSPI, et la survenue de nausées et
vomissements pendant les premières 24 heures (mais pas en SSPI) avec un OR de 0,75.

Commentaire Pédiadol : L’apport des AINS en termes d’analgésie et de réduction des nausées
vomissements postopératoires est à retenir (cf. aussi les recommandations Afssaps 2009 sur les
antalgiques chez l’enfant
, avec le détail dans l’argumentaire).

Durée et sévérité de la douleur postopératoire après chirurgie courante
Stewart DW, Ragg PG, Sheppard S, et al.
The severity and duration of postoperative pain and
analgesia requirements in children after tonsillectomy, orchidopexy, or inguinal hernia repair
Paediatr Anaesth 2012 ; 22 (2) : 136-43

Cette étude avait pour but dʹinformer les parents sur la stratégie antalgique à adopter dans des
procédures chirurgicales fréquentes : amygdalectomie, ectopie testiculaire et hernie inguinale. Les
parents de 105 enfants (50 patients après amygdalectomie, 24 cures dʹectopies testiculaires,
31 cures de hernies inguinales) devaient rapporter lʹintensité de la douleur au retour à domicile
(grâce à l’échelle Postoperative Pain Measurement for Parents = PPMP, seuil > 6), la consommation
dʹantalgiques et le degré de gêne fonctionnelle. La douleur postopératoire était la plus intense
pour lʹamygdalectomie avec douleur et gêne fonctionnelle persistantes au-delà de la 1re semaine
après la chirurgie (score > 6 pendant 8 jours). Pour la cure dʹectopie testiculaire, la douleur était
> 6 seulement le 1er jour, lʹanalgésie procurée par lʹassociation paracétamol-ibuprofène était
efficace et le retour à une activité normale était à J7 ; enfin pour la cure de hernie inguinale,
lʹutilisation isolée de paracétamol était adaptée avec un score > 6, et une récupération totale après 4 jours.

Commentaire Pédiadol : La durée de la douleur postopératoire pour ces interventions courantes
est souvent sous-estimée. Une fois de plus l’intensité et la durée de la douleur postopératoire
après amygdalectomie sont mises en évidence.

Troubles du comportement dans les suites postopératoires
Power NM, Howard RF, Wade AM, et al.
Pain and behaviour changes in children following surgery
Arch Dis Child 2012 ; 97 (10) : 879-84

L’objectif de cette étude réalisée dans 3 hôpitaux londoniens, après chirurgie ORL ou urologique,
était d’évaluer et quantifier la douleur après chirurgie ambulatoire ou hospitalisation courte (une
nuit), et d’identifier les facteurs prédictifs de troubles du comportement 2 et 4 semaines après la
sortie.
La douleur était évaluée par une échelle numérique et les troubles du comportement par l’échelle
Post-Hospital Behavior Questionnaire (27 items cotés de 1 à 5 selon les changements de
comportement observés). Ont été aussi réalisées : une échelle d’anxiété préopératoire juste après
l’admission à l’hôpital (Modified Yale Preoperative Anxiety Scale), une échelle d’anxiété une semaine
avant (Spielberger State Trait Anxiety Inventory) et, juste avant l’entrée au bloc opératoire, une
échelle pour évaluer l’information reçue par les parents (Parents Information needs and Satisfaction
with Preparation
PISP), une échelle pour évaluer le style de coping parental dans les moments de
stress (Monitor Blunter Style Scale), une échelle pour évaluer le tempérament de l’enfant, une autre
pour évaluer ses points forts et ses difficultés, une échelle de catastrophisme et une pour évaluer
les croyances des parents sur leur rôle pendant l’hospitalisation.
Résultats : 131 parents et leurs enfants de 2 à 12 ans (69 % de garçons) ont complété l’étude. Au 2e jour, 93 % avaient des douleurs, 33 % des douleurs sévères (≥ 7/10) et 73 % des troubles du
comportement. Deux semaines après, 56 % avaient des douleurs, 5 % des douleurs sévères et 43 %
des troubles du comportement. À 4 semaines, les chiffres étaient encore respectivement de 25, 0 et
32 %. Anxiété de séparation et troubles de l’appétit étaient les principaux problèmes observés. En
analyse univariée, les facteurs associés avec ces troubles étaient un âge de 2 à 4 ans, une douleur
lors du dernier soin réalisé, des expériences de douleur antérieures, le niveau d’anxiété et le
niveau élevé d’éducation des parents, un séjour d’une nuit à l’hôpital et des parents ayant pris un
congé du fait de l’hospitalisation.

Commentaire Pédiadol : Les troubles du comportement postopératoires ont déjà fait l’objet de
nombreuses études ; ici la persistance pour un tiers après 4 semaines est impressionnante.

Association paracétamol – hydrocodone pour la douleur post-amygdalectomie

L’administration à domicile de l’association paracétamol et hydrocodone (morphinique non disponible en France, de puissance proche de celle de la morphine) toutes les 4 heures
systématiquement permet de contrôler la douleur postopératoire de l’amygdalectomie, d’après
2 études conduites par la même équipe californienne. La première étude, comparative,
montrait que la consigne aux parents de l’administration  » à la demande » entraînait un déficit
d’administration en pratique et un soulagement insuffisant, par rapport à la consigne
d’administration systématique, et que le coaching téléphonique d’une infirmière n’apportait rien
de plus à cette consigne. La deuxième étude, observationnelle, chez 47 enfants de 3 à 5 ans,
confirmait l’efficacité de cette prescription. Les auteurs ont développé une brochure explicative
pour les parents et conseillent l’emploi d’un chronomètre pour des administrations régulières.

Sutters KA, Holdridge-Zeuner D, Waite S et al. A descriptive feasibility study to evaluate scheduled oral
analgesic dosing at home for the management of postoperative pain in preschool children following
tonsillectomy. Pain Med 2012 ; 13 (3) : 472-83
Sutters KA, Miaskowski C, Holdridge*Zeuner D et al. A randomized clinical trial of the efficacy of scheduled
dosing of acetaminophen and hydrocodone for the management of postoperative pain in children after
tonsillectomy. Clin J Pain 2010 ; 26 (2) : 95-103
Sutters KA, Savedra MC, Miaskowski C. The pediatric PRO-SELF©: pain control program: an effective
educational program for parents caring for children at home following tonsillectomy. J Spec Pediatr Nurs 2011 ; 16 (4) : 280-94


L’amygdalectomie génère des niveaux de douleur élevés
Fortier MA, MacLaren JE, Martin SR et al.
Pediatric pain after ambulatory surgery: where’s the medication?
Pediatrics 2009 ; 124 (4) : e588-95

Cette étude californienne prospective observationnelle a été conduite à domicile auprès de 261 enfants de 2 à 12 ans de J2 à J14. Après une journée à l’hôpital où les enfants étaient traités par
paracétamol et codéine si le score d’échelle FPS était > 3, les parents avaient pour consigne
d’administer le même traitement, ils remplissaient aussi l’échelle pour les parents (PPPM) et
donnaient un score d’EVA attribuée. Les scores ont été élevés dans 86 % des cas le 1er jour à la
maison (score moyen sur PPPM 8,5/15), mais pour 24 % des enfants aucune ou une dose
d’antalgique a été donnée. La douleur était encore élevée à J3 puis diminuait progressivement.
Sur les 2 semaines, le nombre médian total de doses d’antalgiques reçues était de 6, et 23 % des
enfants ont reçu seulement 3 doses d’antalgiques ou moins.
Commentaire Pédiadol : Toujours cette insuffisance d’analgésie retrouvée après amygdalectomie,
les progrès sont attendus !

Amygdalectomie et douleur au retour à domicile
Wiggins SA.
Pain Following pediatric tonsillectomy and adenoidectomy: what do we know about home pain
management?

Pediatric Pain Letter 2008 ; 10 (1) : 1-10

Sont synthétisées les connaissances sur la douleur
postopératoire au retour à la maison après amygdalectomie (40 références). La douleur de gorge,
d’intensité moyenne à sévère, dure 3 à 5 jours, ensuite la douleur peut se prolonger en diminuant
progressivement jusqu’à 2 semaines. De plus les enfants ont souvent aussi mal à la tête, mal au
ventre, mal aux oreilles, mal à la langue et aux lèvres, ils dorment mal, ils vomissent souvent
(30 %) et s’alimentent mal, enfin ils sont souvent effrayés. Les symptômes sont plus fréquents
chez les enfants les plus anxieux avant la chirurgie et chez les enfants opérés pour obstruction.
Les parents donnent peu d’analgésiques, souvent moins de 50 % de ceux prescrits, et les enfants
ont du mal à les avaler. Le paracétamol ne suffit pas. Aucun protocole n’a prouvé son efficacité,
même si les associations paracétamol codéine sont régulièrement prescrites. Les parents ont
recours à la distraction. Des recherches sont nécessaires.

Adénoïdectomie et AINS
Korpela R.
Oral naproxen but not oral paracetamol reduces the need for rescue
analgesic after adenoidectomy in children
Acta Anaesthesiol Scand 2007 ; 51 : 726-30

Dans cette étude randomisée prospective, 89 enfants devant avoir une adénoïdectomie ont été
inclus. Un tiers d’entre eux a reçu 10 mg/kg de naproxène oral en préopératoire 30 minutes avant
l’induction de l’anesthésie, un tiers a reçu 20 mg/kg de paracétamol et un tiers un placebo ; dans
chacun de ces groupes, la moitié a eu un morphinique en peropératoire. Les enfants ont été
évalués par OPS en salle de réveil, toutes les 15 minutes ; en cas de douleur, ils recevaient du
fentanyl. Les parents étaient contactés à domicile par téléphone le lendemain matin.
Résultats : les besoins en morphiniques en salle de réveil ont été statistiquement moindres dans le
groupe naproxène que dans les groupes paracétamol et placebo (83 versus 97 %). Les enfants
qui avaient reçu un morphinique en peropératoire ont nécessité deux fois moins de morphiniques
en postopératoire, mais ils ont eu plus de vomissements (92 versus 33 %). Sur l’ensemble des
enfants inclus dans l’étude, 31 % des enfants avaient des douleurs le lendemain, 25 % des nausées
et 12 % de la fièvre.
Remarque : Les scores OPS ne sont pas donnés dans les résultats de cette étude.

Anxiété préopératoire, douleur postopératoire et troubles comportementaux chez les jeunes enfants en chirurgie
Kain ZN, Mayes LC, Caldwell-Andrews AA et al.
Preoperative anxiety, postoperative pain and behavioral recovery in young children undergoing surgery
Pediatrics 2006 ; 118 : 651-8

Objectif : Des résultats précédents suggèrent que la période postopératoire est plus douloureuse, plus lente et plus compliquée chez des patients adultes qui étaient plus anxieux avant l’opération. Jusqu’à présent, aucune étude n’a été faite chez des jeunes enfants.

Méthodes : 241 enfants, âgés de 5 à 12 ans subissant adénoïdectomie ou amygdalectomie, ont participé. Avant l’opération, l’anxiété actuelle de l’enfant et du parent ainsi que leur tempérament ont été évalués. Après l’opération, la douleur et l’analgésie ont été notées toutes les 3 heures. À 24 heures, les enfants sont rentrés chez eux, et les parents ont continué à évaluer la douleur pendant 14 jours. Les scores de douleur à la maison ont été standardisés.

Résultats : La douleur évaluée par les parents est plus forte en postopératoire tant à l’hôpital le premier jour qu’à la maison les 3 jours suivants chez les enfants anxieux. Les enfants les plus anxieux ont plus d’émergence de délire au réveil, consomment plus d’antalgiques à la maison, et ont plus de troubles du comportement et du sommeil à la maison les 2 semaines suivantes.

Conclusion : L’anxiété préopératoire chez les jeunes enfants est liée à une période postopératoire plus douloureuse avec des troubles du sommeil et du comportement. Ces troubles sont retrouvés seulement les 3 premiers jours postopératoires.