Soins aux urgences : impact de la musique

Hartling L, Newton AS, Liang Y, et al.
Music to reduce pain and distress in the Pediatric Emergency
Department – A randomized clinical trial
JAMA Pediatr 2013 ; 167 (9) : 826-35
Dans le but d’étudier l’effet de la musique pour réduire la détresse et la douleur des enfants lors
de gestes médicaux, les auteurs ont réalisé une étude randomisée comparant l’effet de la musique vs des soins habituels pour la pose de voie veineuse aux urgences. L’objectif principal était la
baisse de la détresse des enfants mesurée par une échelle d’hétéro-évaluation comportementale
(OSBD‐R : Observational Scale of Behavioral Distress – Revised), cotée sur enregistrement vidéo par
deux chercheurs ignorant à quel groupe appartenait l’enfant, juste avant, pendant et juste après la
procédure (3 séquences de 5 min) ; les objectifs secondaires étaient l’amélioration du vécu du soin,
mesuré par plusieurs indices : l’auto-évaluation de la douleur de l’enfant par l’échelle de visages
FPS‐R, le rythme cardiaque, la satisfaction des parents et des professionnels de santé (sur une
échelle à 5 niveaux), la facilité à faire la procédure, l’anxiété parentale (mesurée par l’échelle
STAI), et la réponse à la question « voudriez-vous refaire le soin dans les mêmes conditions ? ».
42 enfants âgés de 3 à 11 ans ont été inclus dans l’étude entre janvier 2009 et mars 2010. Les
enfants du groupe musique écoutaient par haut-parleur une sélection musicale, identique pour
tous les patients, choisie par un musicothérapeute.
L’analyse des résultats montre une tendance à des scores de détresse plus faibles dans le groupe
musique, mais la différence n’est pas très significative (p 0,15 à 0,06 selon le modèle de
régression) ; en revanche, en enlevant de l’analyse les patients qui ne montraient pas de signes de
détresse lors du geste (5 dans chaque groupe, chez qui finalement l’effet de la musique est
indétectable), on observait de façon significative une moindre augmentation de la détresse des
enfants dans le groupe musique vs groupe standard. De plus les scores de douleur augmentaient
de 2 points entre la mesure juste avant et juste après le geste (score médian passant de 2 à 4) dans
le groupe standard alors que l’on n’observait pas d’augmentation des scores de douleur dans le
groupe musique. La satisfaction des parents était supérieure dans le groupe musique mais de
façon non statistiquement significative, en revanche la satisfaction des professionnels de santé
était, elle, significativement plus importante dans le groupe musique. Les soignants estimaient de
en outre le geste plus facile à faire chez les patients du groupe musique.

Commentaire Pédiadol : L’audition de la musique, uniquement pendant le temps du soin, fait
du bien et diminue les scores de douleur lors de la ponction veineuse : un moyen simple à mettre
en œuvre !

Musique et ponction lombaire


Nguyen TN, Nilsson S, Hellström AL, et al.

Music therapy to reduce pain and anxiety in children with
cancer undergoing lumbar puncture: a randomized clinical trial
J Pediatr Oncol Nurs 2010 ; 27 (3) : 146-55
Une équipe vietnamienne d’oncopédiatrie a étudié l’effet de l’audition d’une musique sur la
douleur et l’anxiété de la ponction lombaire effectuée sans autre analgésie. 40 enfants (7-12 ans)
suivis pour leucémie sont entrés dans l’étude contrôlée randomisée, la moitié écoutait une
musique dans des écouteurs, l’autre moitié portait les écouteurs mais sans musique. Les scores de
douleur (échelle numérique), d’anxiété (échelle STAI), les fréquences cardiaques et respiratoires
étaient enregistrés. Tous ces items étaient en faveur de l’effet analgésique et anxiolytique pendant
et après la PL. Les scores de douleur étaient de 2,35 versus 5,65. Les enfants interviewés ont
confirmé l’effet positif sur la peur et la douleur.

Commentaire Pédiadol : L’apport de la musique est favorable, et en France peut constituer
un complément à l’anesthésie locale si le MEOPA n’est pas disponible ou refusé. Les services
d’oncologie pédiatrique pourraient utilement se servir de la musique lors des soins répétitifs.

Musique chez les nouveau-nés

Hartling L, Shaik M, Tjosvold L et al.
Music for medical indications in the neonatal period: a systematic review of
randomised controlled trials
Arch Dis Child Fetal Neonatal 2009 ; 94 (5) : F349-54
Parmi plus de 1 000 articles identifiés par les auteurs, seulement 9 rapportaient des essais
contrôlés et randomisés sur les effets dʹun extrait de musique chez des enfants de moins de 1 mois, et leur hétérogénéité nʹautorisait pas une méta-analyse. Six études évaluaient lʹefficacité de
la musique (berceuse enregistrée) lors de gestes douloureux : circoncision (3 études) et ponction
au talon (3 études). Concernant les circoncisions, une étude pilote (n = 23) montrait que le groupe
traité par la musique souffrait et désaturait moins que le groupe non traité, et que la fréquence
cardiaque ne sʹaccélérait pas. Ces résultats nʹétaient pas retrouvés dans 2 études de qualité inférieure. Pour les ponctions au talon, 3 études montraient, de façon concordante, que chez les
nouveau-nés de plus de 31 SA, la douleur provoquée par ce geste était diminuée par la musique.
Une étude portant sur 32 prématurés (terme corrigé moyen de 36 SA) qui avaient des difficultés à
téter a montré que chez les nouveau-nés qui avaient une tétine déclenchant une berceuse, le débit
de lait augmentait de 0,76 mL/min alors qu’il diminuait de 0,5 mL/min dans le même laps de
temps chez ceux qui ne bénéficiaient pas de cette tétine (p ‹ 0,05). En dehors d’un geste
douloureux ou d’une tétée, la musique a peu ou pas d’influence sur les constantes physiologiques
des prématurés hospitalisés dans des unités de soins intensifs (par exemple aucun changement
sur la SaO2chez des nouveau-nés atteints de dysplasie broncho-pulmonaire ou faible
ralentissement de la fréquence cardiaque chez de grands prématurés une ½ heure après une
séance de musique en direct).
En conclusion, la musique, en discontinu, semble avoir des effets favorables sur les nouveau-nés
dans des indications spécifiques : gestes douloureux, et peut-être tétées difficiles. Ces effets
demandent cependant à être confirmés dans des essais cliniques incluant un plus grand nombre
de patients et de meilleure qualité.

Commentaire Pédiadol : Cette revue de la littérature donne des pistes à explorer pour
l’utilisation de la musique ches les nouveau-nés.

Musique et douleur des soins

Klassen JA, Liang Y, Tjosvold L, et al.
Music for pain and anxiety in children undergoing medical procedures:
a systematic review of randomized controlled trials
Ambul Pediatr 2008 ; 8 (2) : 117-28
À partir de 393 études retrouvées dans la littérature, 19 études randomisées avec un groupe
contrôle chez 1 513 enfants âgés de 1 mois à 18 ans ont été analysées. Malgré une qualité
méthodologique modeste, les résultats sont en faveur d’une baisse significative de la douleur et
de l’anxiété chez les enfants randomisés dans le groupe musique. Les auteurs concluent en
l’efficacité de la musique pour réduire l’anxiété et la douleur des enfants lors de soins
douloureux.

Commentaire Pédiadol : Des études de bonne qualité méthodologique sont attendues pour
véritablement avoir une idée de l’efficacité de la musique et de ses conditions d’écoute sur la
réduction de la douleur et de l’anxiété.

Effet thérapeutique de la musique chez des enfants opérés en chirurgie cardiaque


Hatem TP, Lira PI, Mattos SS.

The therapeutic effects of music in children following cardiac surgery
J Pediatr (Rio J) 2006 ; 82 (3) : 166-8
But : Étudier objectivement et subjectivement l’effet de la musique sur des enfants dans un service de réanimation cardiaque pédiatrique après chirurgie du cœur par rapport à une prise en charge standard.
Méthodes : Étude randomisée contre placebo, 79 enfants inclus, âgés de 1 jour à 16 ans, admis en réanimation chirurgicale cardiaque, suivis pendant les 24 premières heures postopératoires. Un groupe d’enfants bénéficiait d’une session d’enregistrement musical à l’aide d’un casque (Les 4 saisons de Vivaldi) pendant 30 min, l’autre groupe d’enfants avait un casque sur la tête mais le CD est vierge. Des mesures étaient recueillies au début et en fin de session musicale : fréquence cardiaque, pression artérielle, fréquence respiratoire, température et saturation de l’oxygène, signes de douleur avec l’échelle des visages.
Résultats : Des différences statistiquement significatives ont été observées entre les deux groupes : les enfants du groupe « musique » avaient des scores de douleur plus bas, une fréquence cardiaque et respiratoire plus faible.
Conclusion : Un effet bénéfique de la musique a été observé chez ces enfants atteints de cardiopathies congénitales en postopératoire. Néanmoins, des études plus approfondies s’avèrent nécessaires en analysant plus précisément les éléments musicaux (rythme, timbre, tempo, etc.).

Commentaire Pédiadol : Groupes musique et non musique non comparables n  = 18 versus n = 61.