Patricia Cimerman
Infirmière de recherche clinique
Dr Ricardo Carbajal
Hôpital Trousseau – CNRD
Mars 2007
La codéine est une molécule appartenant aux analgésiques morphiniques mineurs1. En pratique, elle est souvent prescrite en association avec du paracétamol par voie orale, dans le traitement des douleurs modérées de l’enfant. La codéine est également utilisée comme antitussif. Malgré son utilisation fréquente, peu d’études d’efficacité ont été publiées en pédiatrie. Il s’agit essentiellement de publications concernant la prise en charge de la douleur post-opératoire, aux résultats contrastés2,3.
Cet article a pour objectif de rappeler le profil pharmacologique de la codéine et les recommandations en matière de prescription chez l’enfant.
Données pharmacologiques
Pharmacodynamie
La codéine est un alcaloïde naturel extrait du pavot « Papaverum somniferum ». Les effets analgésiques ne sont pas dus à la codéine elle-même mais à la transformation de la codéine en morphine. La codéine a alors un effet central ayant les propriétés pharmacologiques suivantes : antalgie par action spinale et supra-spinale, contraction de la musculature lisse, stimulation du centre du vomissement, sédation, dépression des centres respiratoires..). Selon l’OMS, la codéine est classifiée comme antalgique opioïde faible du palier 2.
Pharmacocinétique
La codéine a une biodisponibilité d’environ 60 % après administration orale. L’effet analgésique apparaît en 20 minutes après ingestion et a un effet maximal de 60 à 120 minutes. Le pic de concentration plasmatique est d’environ 1h après administration orale. La demi- vie plasmatique est de 2 à 3 heures. La codéine est faiblement liée aux protéines plasmatiques (25% environ). Le métabolisme est d’abord hépatique (mécanismes d’O-déméthylation par le cytochrome P450 (CYP2D6) et N-déméthylation (CYP2D6), puis urinaire ( excrétion rénale par mécanismes de glycuroconjugaison ). Cinq à 10 % d’une dose de codéine est métabolisée en morphine. Le polymorphisme génétique du CYP2D6 est responsable d’une grande variabilité individuelle pour la production de morphine et de ce fait, les réponses analgésiques peuvent varier d’un individu à l’autre4,5.
On estime que 4 à 10 % de la population, selon les races, ne possèdent pas le CYP2D66,7.
Effets indésirables
Aux doses thérapeutiques, les effets indésirables sont rares et modérés.
Constipation, nausées, vertiges, réactions cutanées.
Surdosage
Seuil toxique : 2 mg/kg en prise unique. |
Bradypnée, pauses respiratoires, myosis, convulsions, signes d’histaminolibération, flush et œdème du visage, éruption urticairienne, rétention d’urine.
Conduite à tenir : naloxone, assistance respiratoire selon l’intensité de l’intoxication. |
Interactions médicamenteuses
Agonistes – antagonistes morphiniques (buprénorphine, nalbuphine, pentazocine).
Recommandations et prescriptions8
La codéine a un effet synergique avec le paracétamol9,10 et les AINS. En pratique, il est donc recommandé de l’associer au paracétamol ou à l’ibuprofène afin d’améliorer l’efficacité antalgique.
Présentations en France (2004)
Codéine seule
CODENFAN®
AMM = 1 an
Sirop
1 mL = 1 mg de codéine
Posologie : 0,5 mg/kg/prise. En cas de douleur plus intense, la dose peut être portée à 0,75 ou 1 mg/kg toutes les 8 à 6 heures (soit 3 à 4 prises/jour), voire toutes les 4 heures (soit 6 prises/jour).
Codéine + paracétamol
Nom commercial |
EFFERALGAN-CODEINE® | CO-DOLIPRANE® | DAFALGAN-CODEINE® |
AMM | 3 ans (à partir de 15 kg) | 6 ans | 15 ans |
Dosage | 500 mg de paracétamol + 30 mg de codéine |
400 mg de paracétamol + 20 mg de codéine |
500 mg de paracétamol + 30 mg de codéine |
Forme galénique | comprimés effervescents | comprimés sécables | gélules |
Posologie | 1/2 comprimé par tranche de 15 kg toutes les 4 à 6 heures | 1 comprimé pour 20 kg toutes les 4 à 6 heures |
Références bibliographiques