Une séance d’ETP pour s’éveiller à l’autohypnose
in Les 31èmes Journées Pédiadol, mars 2025
Solène LE GOUZOUGUEC,
Pédiatre, Equipe Mobile Douleur Pédiatrique, Hôpital Femme Mère Enfant de Lyon
Magali MARCHAL,
Infirmière Anesthésiste, Equipe Mobile Douleur Pédiatrique, Hôpital Femme Mère Enfant de Lyon
Lors de leur passage à l’hôpital, nos jeunes patients sont souvent confrontés à la peur, l’anxiété, la douleur ainsi qu’à une perte de repères évidente. La douleur aiguë ou chronique fait très souvent vivre une perte de contrôle et une extrême vulnérabilité.
Pour faire face à ces conséquences de l’hospitalisation ou de la douleur, l’utilisation des techniques non médicamenteuses – en complément des traitements médicamenteux ou en première intention – reste une solution reconnue et efficace.
Parmi l’ensemble des techniques, l’hypnose paraît particulièrement adaptée aux enfants, à leur imaginaire riche et leur capacité de dissociation.
Une des façons de faire face aux vents violents que sont la maladie et la douleur est de s’accrocher à des ancrages réconfortants : un doudou, une tétine, la présence des parents bien sûr. Concernant les patients chroniques, il y a souvent un attachement au soignant habituel et donc habitué, connu et donc reconnu.
L’apprivoisement entre l’enfant et le soignant demande du temps et de l’énergie à l’un et l’autre, comme disait le Renard au Petit Prince de Saint Exupéry. Les soignants ne sont pas interchangeables. Les transmissions, d’un soignant à l’autre, permettent de créer un relais de confiance et une reproductibilité du « prendre soin » pour répondre aux besoins de cadre rassurant du patient. Cependant, cela
ne suffit pas toujours. L’enfant peut parfois sembler fatigué de devoir apprivoiser un nouveau soignant à chaque venue.
La meilleur réponse, préventive ou curative, n’est-elle pas de rendre cette ressource au principal intéressé ? De permettre à chaque patient de constituer son propre ancrage ? Comme un cadeau aux plus jeunes, cadeau d’autonomie puisque l’enfant peut réaliser seul sa séance, et d’indépendance, puisqu’il n’est plus dépendant d’une intervention extérieure, une ressource qui lui serait utile au-delà du soin.
Ainsi s’est donc imposée l’idée de l’apprentissage de l’autohypnose, sur un modèle d’éducation thérapeutique.
Le rôle du soignant sera alors d’accompagner l’enfant dans son soin à lui-même et de soutenir ses compétences. Remettre le patient au coeur de sa prise en charge ; l’aider à maintenir et améliorer sa qualité de vie en acquérant une compétence d’autosoin liée à des besoins spécifiques, et mobiliser des compétences d’adaptation en rapport avec son vécu, ses expériences antérieures.
Tels sont les objectifs propres à l’ETP.
Ceux-ci se superposent parfaitement à ceux de l’apprentissage de l’autohypnose.
Les possibilités en hypnose sont vastes. Le choix du premier outil à transmettre a été guidé par le besoin d’ancrage et de sécurité des patients. La séance du « lieu sûr » nous est donc apparue comme une évidence. Car il est essentiel pour chacun d’avoir à l’intérieur de soi, un lieu qui n’appartient qu’à soi, où l’on peut se retrancher lorsque l’orage fait rage à l’extérieur.
Reste le choix de l’âge des participants et celui d’une séance collective ou individuelle.
La réponse à ces deux questions a été aiguillée par le choix de l’ETP pilote, l’EDUMICI, pour les patients atteints de Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (MICI). Celui-ci concerne des patients entre 13 et 17 ans, convoqués pour des séances collectives.
L’enjeu de l’introduction de notre séance collective est de pouvoir faire ressentir aux participants la sécurité au sein du groupe ainsi que dans la pratique de l’hypnose. L’aspect collectif donne la possibilité aux patients de nous dire qu’ils doutent de l’efficacité de l’hypnose et plus encore qu’ils ont peur du moment où « il faudrait » lâcher prise avec un soignant inconnu. Par le jeu des post-it, les différentes visions de l’hypnose exprimées par le groupe nous permettent de rebondir et naviguer pour aider à différencier l’hypnose de spectacle de l’hypnose thérapeutique et définir celle-ci.
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