De nouveau cette année de nombreuses nouvelles publications sur la réalité virtuelle[1].

Une étude sur la RV concerne la réalisation de vaccinations en Arabie Saoudite. Il s’agit d’une étude transversale sur 104 enfants de 4 à 6 ans lors de leur vaccination de routine dans un centre de santé. L’étude s’est déroulée sur deux mois. La moitié des enfants a bénéficié de la VR et l’autre moitié n’en a pas bénéficié. La douleur lors de la vaccination a été évaluée par deux échelles : l’échelle des visages de Wong-Baker et une échelle d’auto-évaluation de la peur.

Le résultat de l’étude montre que dans le groupe avec réalité virtuelle les scores de peur et de douleur sont significativement plus faibles.

Il est à regretter que dans cette étude rien n’est indiqué sur les méthodes d’analgésie pour le groupe témoin vaccination sans réalité virtuelle.

A l’issue de cette étude, le pays a décidé d’étendre l’utilisation de la RV lors de la vaccination des enfants dans les centres de soins. L’impact positif de cette étude, bien que succincte, est donc réel.

Arwa Althumairi et al., « Virtual Reality: Is It Helping Children Cope with Fear and Pain During Vaccination? », Journal of Multidisciplinary Healthcare 14 (2021): 2625‑32, https://doi.org/10.2147/JMDH.S327349.

 

Une nouvelle méta-analyse a été réalisée, une revue de la littérature effectuée en décembre 2020, spécifiquement sur l’effet de la RV et les gestes de soins impliquant des aiguilles en pédiatrie (pose de cathlon, prises de sang, etc.). Après avoir identifié 106 études sur ce sujet, ils ont retenu seulement 6 études répondant aux critères stricts suivants : Réalité Virtuelle au moment d’un accès veineux, sur des enfants entre 5 et 18 ans, évaluant douleur, anxiété et peur, mais aussi : niveau de satisfaction, changement dans la pression sanguine et la fréquence cardiaque.

Les résultats de cette méta-analyse montre que si la RV joue un rôle sur la douleur (évaluée par échelle EVA et l’échelle des visages), les effets sur l’anxiété et la peur ne sont pas probants. Il n’a pas non plus été mis en évidence de différence significative sur la pression sanguine ou la fréquence cardiaque entre les groupes avec réalité virtuelle et les groupes standard.

Cette synthèse rappelle plusieurs points importants :

–           Stress, anxiété et peur n’augmentent pas seulement la douleur mais peuvent parfois l’induire (voir Samundson and al., 2012 ; Simons and al, 2012)

–           Il existe de réelles phobies des aiguilles sur lesquelles il est difficile de dire si la réalité virtuelle pourrait avoir des effets à ce jour.

–           La RV fonctionne sur le cerveau comme d’autres méthodes de distraction. Les auteurs rappellent par exemple l’efficacité de la musique, des massages, de toute distraction par les parents, des exercices de respiration, des thérapies comportementales.

–           L’effet de la distraction n’est pas comparable à l’effet d’un placebo sur le plan neurophysiologique.

–           La réalité virtuelle a déjà fait ses preuves en soins dentaires, soins sur brûlures, traitements oncologiques, réadaptation. Il y aurait des études montrant une efficacité sur des patients dépressifs.

–           Il existe de rares et inoffensifs effets secondaires (maux de tête, nausées, étourdissement, fatigue oculaire).

Les auteurs concluent que pour des gestes si fréquents, dont il est reconnu qu’ils sont douloureux et hautement stressants pour les enfants, trop peu d’études portent sur ce sujet !

  1. Czech et al., « Virtual Reality Interventions for Needle-Related Procedural Pain, Fear and Anxiety-A Systematic Review and Meta-Analysis », Journal of Clinical Medicine 10, no 15 (23 juillet 2021): 3248, https://doi.org/10.3390/jcm10153248.

 

Commentaire Pédiadol

La méthode de réalité virtuelle se développe partout dans le monde ! De très nombreuses études paraissent chaque année.

Ici, si aucune analgésie n’est proposée dans le groupe témoin, l’étude revient à conclure sur l’effet de la distraction lors de soin douloureux, et ne prouve pas que seule la RV peut convenir.

Bravo aux équipes qui se posent des questions sur leurs pratiques !

Mais outre son coût limitant, l’impact sur la relation avec le soignant qui disparaît du champ de vision de l’enfant nous incite à une certaine prudence. Ce moyen séduisant de distraction immersive nécessite d‘autres études en douleur aiguë et en douleur chronique pour établir sa place.

 

[1] Vous trouverez une première revue de la littérature sur la réalité virtuelle dans la synthèse bibliographique des actes du congrès Pédiadol de 2017, plusieurs résumés dont une nouvelle synthèse 2019 dans la bibliographie Pédiadol de 2020, et un regard professionnel et éthique sur l’ensemble des moyens de distraction dans les Actes 2019 sous le titre « Pas d’écran à la relation ».

 

MàJ mars 2023